En deux mots... DECEPTION et INFIDELITE. (très léger spoiler)
On m'avait beaucoup parlé de ce film, si bien que j'ai décidé de lire le livre (qui est très bon) avant de le regarder. Ce film est juste très bien tourné, et les acteurs vont de bons à excellents (mention spéciale à Nicholson).
Mais que dire du scénario...
En regardant le film j'ai été amené à me demander si les scénaristes avaient pris la peine de feuilleter le livre. J'ai conscience qu'un film ne peut pas retranscrire un livre de manière parfaitement fidèle, mais LA !!!
Certains dialogues, qui n'ont pas d'importance particulière, sont retranscrits à la virgule près. Et des passages capitaux ne sont même pas mentionnés ou de manière extrêmement brève, par exemple nous apercevons brièvement la chaudière de l’hôtel alors qu'elle est une des clés de voûte du bouquin ; le parc de jeux pour enfants n'est pas mentionné alors que c'est un des déclencheurs de la folie à Jack Torrence.
Quelques passages ont été extrêmement modifiés de sorte qu'ils se trouvent presque méconnaissables par rapport a l'oeuvre originale : jamais Jack ne voit la femme de la chambre 2*7, il ne fait que l'entendre, ou encore la recherche de Danny par son père (à la fin) qui se passe en intérieur (tous simplement parce que le labyrinthe n'existe pas) et où il y a un face à face entre l'enfant et son père (inexistant lui aussi).
De plus, des détails, certes, mais quand même, pas compliqués à respecter ne l'ont pas été, la chambre de la femme n'est en aucun cas la chambre 237 mais la 217, c’était donc trop dur pour les décorateurs de changer le "3" par un "1", Jack Torrence n'attaque pas sa femme, son fils et Mr Ullman avec une hache mais avec un maillet de roque. et surtout, il n'est pas question de "chenillettes" (nom ridicule au possible en plus) mais de scooters des neiges, qui rend l'agression de Dick (inexistante dans le film) par les animaux de buis (tout aussi absents) possible. Et il y en a tant d'autres...
En plus, dans l'oeuvre de Stephen King, la folie du patriarche arrive progressivement et monte à mesure que l'on avance dans le livre. Ici, la folie lui vient d'un coup (on a bien un gros plan pour nous faire comprendre qu'il devient dingue mais il n'y a pas la monté en puissance de l'hôtel dans l'esprit de Jack).
Il faut ajouter à tout ça la terreur (grandissante dans le livre pour finir sur une explosion d'horreur) qu'inspire le film : elle apparaît très vite (ce qui en soit n'est pas un mal), est entretenue pendant une bonne partie du film (il manque déjà la croissance de celle-ci) et fini par retombé complètement à plat sur la fin (là ou il devrait y avoir un crescendo).
Aussi, les antécédents des personnages (et de Jack en particulier) ne sont absolument pas respectés, on ne sait rien pour l'alcoolisme de Jack, pour la fois où il a cassé le bras de Danny (d'où le manque totale de confiance de sa femme et sa réaction lorsque Danny a des marques de strangulation).
Enfin, je ne dirais pas la vraie fin, mais on peut juste dire que celle du livre ne ressemble en aucun cas à celle produite à l’écran.
Donc voilà, le film en lui même n'est pas mal bien que décevant (on m'en a peut-être fait trop de louanges), mais il ne mérite pas l'appellation d'adaptation, il est beaucoup trop infidèle pour ça !