Oeuvre culte du célèbre cinéaste américain Kubrick, un peu honteusement je l'admets, découvert ce chef d'oeuvre que la semaine dernière, mais j'ai eu la chance de la voir dans d'excellentes conditions : mon génial cinéma de centre-ville..
L'histoire bien sûr, Jack Torrance, écrivain en perte d'inspiration part taper son manuscrit dans un hôtel perdu au milieu du Colorado avec sa famille, et il en profite également pour garder le bâtiment, parce que oui, l'hiver bloque la bâtisse du reste du monde, et il faut bien un volontaire (fou?) pour la garder.
La petite famille s'installe bien vite, Jack établit son bureau dans un grand hall vide, sa femme Wendy apprend à jouer des fourneaux dans la plus grande cuisine qu'elle ait vu de sa vie et Danny déambule sur son tricycle dans tout l'hôtel, pour passer le temps.
On a là un bon pitch de film pour enfants, où les plus belles bêtises pourraient se transformer en franche rigolade, mais bien sûr, il n'en est rien. Dès l'introduction du film, on apprend qu'un meurtre sanglant a eu lieu un an auparavant, et on découvre que Danny a un petit penchant schizophrénique et est victime d'hallucinations. Et alors très lentement, on suivra la petite famille sombrant chacun de leur côté dans la folie, frappée à la fois par la solitude, mais aussi par un mal présent partout.
Techniquement, le film est à peu près parfait. Kubrick nous en met plein la vue grâce à de superbes plans démontrant la grandeurs des décors, dès le générique d'introduction, suivant la voiture de Jack, se rendant à l'hôtel et traversant moult plaines, vallées et autres tunnels, renforçant du même coup le sentiment de renfermement. Et dans le manoir, rebelote, on se sent littéralement écrasé par la hauteur de la bâtisse, par la longueur des couloirs, accentuant le sentiment de petitesse, de faiblesse, d'être étranger. Du coup, voir la petite famille s'étaler de la sorte traduit une certaine forme de malaise chez le spectateur.
Comptons également sur Jack Nicholson, qui, sans surprise, est parfait dans son rôle de gardien fou. Un pouce en l'air pour la séquence au bar, l'occasion d'assister à un dialogue truculent, rythmé par les voix suaves et posées d'un Jack Torrance assoiffé et désespéré, et d'un barman fantasmé, d'une rigueur irréprochable et trouvant toujours les mots justes.
Mais malgré ses points forts, il y a quelques points décevants dans ce film. Tout d'abord, Wendy, la femme de Jack, est tout simplement agaçante. Moche, hystérique et agaçante, elle est tout le temps en train de chialer ou d'emmerder avec sa petite voix. Tellement qu'à chacune de ses apparitions, je ne pouvais m'empêcher de soupirer. M'enfin, c'était peut-être un effet voulu par Môssieur Kubrick hein.
Je retiendrai également la musique et les effets sonores qui en plus de n'être pas très inspirés sont utilisés en surabondance, jusqu'au fatal agacement du spectateur. D'abord effrayantes, elle deviennent monotones et ne surprennent plus. Avec une meilleure utilisation, le rendu aurait en plus pu être génial, combiné aux lents travellings du réalisateur. Parlons-en d'ailleurs de ces travellings, encore une fois, ils sont omniprésents, jusqu'à la lassitude. Autant le rendu des glaçants couloirs de l'hôtel n'auraient pas pu être mieux rendus sans, autant il faut apprendre à varier ses plans un peu car, une fois encore, la surprise laisse la place au soupir d'ennui.
Mais trêve de méchancetés, Shining est indéniablement un bon film dépeignant la sombre chute dans la folie des habitants de cet hôtel hanté, avec un traitement hors du commun, et une forme génial, avec sa construction en miroir et ses personnages délicieux.