Le film n’est pas centré sur les frasques sexuelles des protagonistes. En cela, il est autant film d’auteur que pinku. Chusei Sone filme Shinjuku Golden Gai, quartier jeune, gai et bouillonnement de culture au moment où il vieillit pour en faire un film sur la fin de la jeunesse. Doit-on se battre pour garder ses rêves, quitte à devenir con voire abject ? Doit-on mûrir en acceptant les regrets et les compromissions? Au travers de ses personnages, le réalisateur pose efficacement ce dilemme. On a l’impression que rien ne se passe et pourtant à la fin tout est dit. Le scénario de Haruhiko Arai se révèle diantrement efficace. Chusei Sone sait filmer avec tendresse mais lucidité ses personnages. Les scènes sont rapides et efficaces avec la bande-son adaptée. Mais, le plaisir du film tient également aux acteurs principalement Miyako Yamaguchi en Mimi fragile et lucide dont l’interprétation (et la plastique) se révèle sans défaut. N’oublions pas les autres : Mitsuru Kandabashi (Sawai, son petit ami) et Rebun Hori (Shohei) en réalisateur sans succès et les seconds rôles féminins : Moeko Ezawa en tenancière de bar qui a compris la fin de ce quartier et les autres filles paumées ou encore jeunettes : Machiko Aoki (6 films dont Joshidaisei: Môteru Utamaro asobi) en Noko dépressive, Ayako Nakata, Jun Aki, Tayori Hinatsu, Mami Yuki…chacun apporte sa pierre à la vision désenchantée de la jeunesse qui s’échappe.
Shinjuku midaregai ravira plus les cinéphiles que les adeptes du pinku classique.