Deuxième épisode de la série Shinobi no Mono, où l'on retrouve Satsuo Yamamoto à la réalisation et Raizō Ichikawa dans le rôle principal pour la suite directe des événements du premier volet. L'histoire démarre au cours des années 1581-1582, alors que le seigneur Oda Nobunaga (Tomisaburō Wakayama) a enfin réalisé son ambition, diriger le Japon depuis Kyôto. Après avoir éliminé les clans rivaux, les ordres religieux rebelles et les ninjas d'Iga, il ne lui reste plus qu'à lancer ses troupes sur les derniers souvenirs de ses adversaires. Goemon, qui a réchappé au massacre de son école de ninjas et a découvert que son maître et le maître de l'école rivale ne formaient qu'un (conclusion du premier volet) a remisé son attirail et aspire désormais à une vie tranquille avec femme et enfant. Jusqu'à ce que des assassins lancés à ses trousses retrouvent sa trace et, dans le tumulte qui s'ensuit, massacrent le bébé avec la plus grande cruauté (un soldat le jette violemment à terre, on devine le bébé tomber dans le foyer de la petite cabane).

Et on comprend qu'il y a vraiment un changement de ton dans ce deuxième opus. Si le premier frappait par la noirceur de sa photographie, les ninjas étaient guidés par un code d'honneur que Goemon rechignait à enfreindre lorsque son maître lui ordonna de voler, par exemple. Dans le deuxième, il n'est question que de vengeance et de châtiments cruels. Goemon veut à présent tuer Nobunaga pour venger la mort de son fils. Il parviendra à ses fins et exercera la plus grande cruauté en tuant le dirigeant du Japon, lui coupant d'abord un bras, puis une jambe, avant de le jeter vivant dans le feu (dans la réalité, lors de l'incident du Honnō-ji en 1582, Nobunaga qui a été trahi par l'un de ses généraux se suicide et demande à sa suite d'incendier le temple pour éviter qu'on exhibe sa dépouille). La scène telle que montrée par Yamamoto a dû choquer le public japonais de l'époque, Nobunaga étant tout de même considéré comme le premier unificateur du Japon et sa mort prématurée ayant fait l'objet de beaucoup de "et si..." parmi la communauté des historiens.

Son bras droit Hideyoshi (1537-1598) prend sa suite et termine son entreprise de domination sans partage sur le Japon. Aussi cruel que son mentor, celui-ci fait traquer les anciens ennemis de Nobunaga, pour le seul plaisir d'éliminer toute trace de résistance, même quand ces derniers n'opposent plus aucune menace sérieuse. A titre d'exemple est mentionné l'incendie du Negoro-ji et le massacre de ses prêtres (1585), alors que ceux-ci n'opposaient aucune résistance et que le temple aurait pu être épargné. Il vise ensuite les derniers rebelles réunis sous la bannière de Saiga Magoichi (1534-1589), qui a offert le refuge à Goemon et sa femme. Goemon, manipulé par une faction adverse, cherche alors à éliminer Hideyoshi ce qui le conduit à sa perte. Capturé avant d'être parvenu à ses fins, il est jeté vivant dans une marmite d'eau bouillante (ce supplice est réel et décrit la mort atroce du véritable Goemon Ishikawa).

Personnellement j'ai préféré ce deuxième opus, bien plus sombre, et surtout moins centré sur les ninjas et leurs techniques que le premier volet, mais beaucoup plus sur les intrigues politiques qui entourent la fin de vie d'Oda Nobunaga et le début de règne d'Hashiba Hideyoshi. Pour faire simple, le grand conquérant Nobunaga avait plusieurs généraux, dont cinq ou six composaient son plus proche entourage. Hideyoshi, son meilleur général et homme de confiance, a été envoyé dans l'ouest pour asseoir sa conquête sur le Japon. Pendant ce temps, Akechi Mitsuhide, un général qu'il a plusieurs fois humilié publiquement, saisit une occasion où Nobunaga se repose à Kyôto avec une faible escorte pour l'attaquer et le tuer. Tokugawa, son plus proche allié, reste pendant ce temps à l'écart et laisse les loups se dévorer entre eux, utilisant (dans le film) Goemon pour tenter ensuite d'assassiner Hideyoshi. Si cette intrigue n'est pas évidente à suivre sans une solide connaissance de cette période et de ses protagonistes, elle n'en demeure pas moins intéressante et met en lumière un passage plutôt sombre de l'histoire du Japon.

Yushima
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le 4 juil. 2023

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