Pour le dernier épisode de Raizô Ichikawa (1931-1969), la série opère un retour aux sources tant dans la chronologie, puisque l'histoire se situe avant les événements du premier épisode, que dans le narratif, avec un jeune ninja décidé à apprendre auprès d'un maître pour venger la mort de son père. C'est donc un disciple qui ne possède pas encore la pleine palette du ninjutsu et sa quête sera menée, moins par la ruse, que par une efficacité méthodique dans le combat et une détermination sans faille.
Pour le contexte, les événements relatent la campagne du Tigre de Kai, le très puissant Takeda Shingen (1521-1573) lorsqu'il entreprend d'écraser les clans Oda et Tokugawa qui entravent sa marche vers la capitale du Japon, et notamment la prise du château de Futamata (1572) ainsi que les batailles de Mikatagahara et Hamamatsu (1573). Chaque camp emploie des espions et des ninjas qui doivent participer au renseignement, au sabotage et à la prise des forteresses ennemies, ce qui est plutôt bien décrit dans le film. D'une manière générale le fil narratif est intéressant et montre des daimyos ambitieux et sans scrupules, dans cet âge de guerre des clans. C'était déjà le cas dans les épisodes précédents, mais on a l'impression ici qu'il n'y a pas de bon ni de méchant entre Takeda et Tokugawa, les deux étant également dévorés par l'ambition.
Le mécanisme narratif emploie un flashback en introduction, suivis d'éléments qui rappelleront la mémoire du protagoniste et le mettront sur la piste des assassins de son père. Pour le bon déroulement de l'histoire -- et l'intérêt du spectateur -- on dira que les événements s'enchainent plutôt bien pour notre jeune ninja. Le scénario, s'il réserve quelques surprises, est plutôt solide dans l'ensemble. A noter, la place de l'honneur fortement mise en avant dans ce volet, dans une série qui fait habituellement la part belle aux trahisons et au double-jeu.
Kazuo Ikehiro connaît bien la maison et la réalisation est soignée.
La fin propose une certaine lecture de la mort de Shingen, ici empoisonné par les ninjas. Cette version tient la route dans la mesure où il n'y a pas consensus sur les circonstances exactes de sa mort prématurée, même si l'histoire officielle retient un tireur embusqué lors de la levée du siège de Hamamatsu.
NB : Il existe un titre alternatif, Les Trois ennemis, qui semble être celui utilisé dans la version anglaise.
[7/10]