Ce film fleuve (9h30) est éminemment important d'être vu par le plus grand nombre, pour mieux comprendre l'effroyable horreur nazi. Des commentaires glaçants qui mettent en lumière l'ignominie humaine qui permettent à tout un chacun de pleinement comprendre le mécanisme d’extermination des juifs par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale.
Shoah (1985) est une succession d’entretiens réalisée entre 1976 et 1981, entrecoupés par des prises de vues faite sur les lieux du génocide. Vous ne verrez aucune images d’archives, uniquement les témoignages de rescapés, de quelques nazis et des contemporains (lors de micro-trottoirs réalisés en Pologne, notamment ceux qui habitaient aux abords des voies de chemin de fer ou des camps de concentration).
Le film est scindé en plusieurs parties et revient avec précisions sur l’indicible extermination, des camion à gaz aux camps de la mort de Chelmno, d’Auschwitz-Birkenau & Treblinka, en passant par le processus d’élimination du ghetto de Varsovie.
Les témoignages font bien évidemment froid dans le dos, on découvre toutes les étapes mises en place par les nazis pour leur génocide (de l'arrivée des trains bondés au déshabillage forcé dans le froid, en passant par l’horreur des méthodes génocidaires employées, telles que les camions à gaz et les fours de crémation). Certains témoignages sont sidérants, comme ces polonais qui racontent ce qu’ils ont vu et vécu en habitant près des camps de la mort ou ce coiffeur (que le réalisateur à retrouvé en Israël) qui explique tant bien que mal comment il s’est retrouvé à devoir couper les cheveux des femmes avant qu’elles n’entrent dans les chambres à gaz).
« C’était très dur de ressentir quoi que ce soit (...). Vos sentiments disparaissaient, vous étiez morts aux sentiments, mort à tout. »
D’autres séquences sont tout aussi édifiantes, notamment lorsque l’on découvre les consignes d’entretien liées aux camions à gaz qui étaient données aux soldats ou l’intervention de Walter Stier (membre du parti nazi et chef du bureau 33 de la « Reichsbahn », les chemins de fer du Reich), qui évoque des “tarifs réduits” pour convoyer les juifs d’un pays à l’autre.
Claude Lanzmann (Pourquoi Israël - 1973) n’aura pas lésiné pour mettre en boîte son oeuvre de mémoire, nous permettant de pleinement comprendre cette page sombre de notre Histoire. Ce film n’est pas uniquement un documentaire mais aussi et surtout un support pédagogique qui se doit d’être montré dans toutes les écoles pour comprendre l’horreur et les erreurs du passé.
Parmi les 350 heures de rush qui n’auront pas été utilisées pour le montage final, le réalisateur s’en servira par la suite pour réaliser Sobibór, 14 octobre 1943, 16 heures (2001), qui revient sur la révolte des prisonniers.
● http://bit.ly/CinephileNostalGeek ● http://twitter.com/B_Renger ●