Dans la lignée de ses films sur l'angoisse technologique, John Badham change de ton après WarGames, en proposant une comédie familiale sortie tout droit de quand t'étais super gosse, et remplissant toutes les cases du cahier des charges de ce type de narration:
Expérimentations militaires pour trouver l'arme destructrice du futur ✔
Accident/perte de l'expérimentation militaire ✔
Robot recueilli par une personne au grand cœur et aux valeurs proches de la terre (Ally Sheedy sonne toujours aussi faux, mais comme elle est mignonne comme un coeur, donc on lui pardonne) ✔
Éducation du robot aux valeurs proches de la terre ✔
Course-poursuites contre les méchants militaires voulant récupérer et pervertir le robot-arme du futur et le faire revenir dans le droit chemin de la destruction ✔
Volte-face du scientifique qui travaillait pour les militaires mais qui est ému par sa création ✔
Love story entre les âmes esseulées au grand cœur ✔
Il existe une Puissance Supérieure à laquelle on ne peut pas se substituer (oui oui, c'est un brin républicain, tout ça) ✔
Bref, Short Circuit est un divertissement familial light, et le film s'élève grâce au personnage du robot. Johnny 5, c'est un peu l'enfant caché d'E.T. et de R2D2, à savoir l'être le plus gentil et le plus cool du monde. Ça donne lieu à de très jolies scènes sur fond de BeeGees dans un auto-big up de Badham à son plus grand succès (et quand un robot sait apprécier à sa juste valeur More Than A Woman, c'est qu'il est *vraiment* vivant). Bref, la réussite du robot fait passer le film de la case "comédie familiale tout à fait anecdotique" à "vulgarisation d'un discours plutôt intéressant" (d'où un 7/10 un peu gonflé).
La réussite visuelle de Johnny 5 fait parvenir au paradoxe qui rend le film intéressant, à savoir qu'on trouve plus d'âme et d'humanité dans le robot que dans la horde de soldats lancés à sa poursuite. Putain de critique sur la société américaine, d'une certaine manière, sur une société qui s'est peu à peu déshumanisée avec sa modernisation et ses angoisses guerrières, et qui trouve son salut dans une très improbable Sainte Famille 2.0.