Newton est un génie qui a construit cinq robots de combats pour la société Nova. Lors d’une présentation, la foudre frappe le numéro 5 qui s’échappe. Le robot échoue chez une pacifiste protectrice des animaux qui appelle d’abord Nova pour qu’ils récupèrent leur appareil. Mais elle et Numéro 5 découvrent bientôt que ce qui s’apparente à une malfonction est en fait la conscience inhérente à la vie. Mais comment persuader Nova de ne pas le détruire ? Peut-être que son créateur, Newton, pourra être convaincu ?
John Badham apprécie la technologie et le rêve qu’elle apporte. Il a déjà réalisé Tonnerre de feu et Wargames sur, respectivement, un hélicoptère de combat et une IA militaire. Ses films oscillent entre de l’aventure, de l’action et de la comédie dont il modifie les dosages suivant ses œuvres. Ici, Short circuit s’oriente résolument vers l’humour. Outre Ally Sheedy qu’il affectionne, Steve Guttenberg et G. W. Bailey sortent de Police Academy tandis que Fisher Stevens incarne un bouffon qui serait politiquement incorrect à notre époque.
L’histoire est manichéenne. Il s’agit du mythe de Frankenstein en version rose bonbon (la créature ne détruit pas son créateur, mais lui fait un pied de nez). Les gentils aiment les animaux, la vie et détestent l’armée, les méchants aiment l’argent, le profit et les armes. Les gentils sont intelligents, les méchants sont bêtes. On est dans une comédie alimentaire du début des années 80, faut vraiment pas réfléchir. Ensuite, le scénario est complètement tarte. Le robot est créé par un couillon qui n’est pas militariste, donc récupérable. La machine devenue vivante est recueillie par une fille qui finira dans les bras du créateur puisqu’elle ne peut pas se taper Numéro 5. La vilaine entreprise, l’armée, et tout ce qui ressemble à un mâle viril comme le petit-ami sont ridiculisés et bien punis. Enfin, le trio de héros s’en va courir dans les prés en élevant des gentils animaux (mais pas des serpents parce que quand même, faut pas pousser, dixit l’héroïne).
L’avalanche de clichés et de préjugés est à replacer dans son époque. En 1986, on ne connaissait pas beaucoup de comédies potaches dans ce genre (OK, il y avait eu Star wars et Indiana Jones, mais c’étaient des grands films, pas une comédie alimentaire). Du coup, il faut un peu d’indulgence pour revoir cette œuvre qui a énormément vieilli. Son seul intérêt, à mon humble avis, est la performance de Numéro 5 lui-même. En effet, à une époque où les images de synthèses n’existaient pas, les trucages étaient des constructions physiques filmées en temps réel (l’animation image par image donnaient des résultats pas terribles à la Godzilla). Du coup, le personnage du robot prend une tout autre importance. Derrière les mimiques de cette tête de métal se cachent des marionnettistes qui manipulent des servocommandes avec suffisamment de talent pour les rendre vivants. Le robot est une véritable machine qui peut rouler, se redresser, etc. La prouesse technique est admirable, surtout maintenant que l’ordinateur a remplacé ces talentueux métiers.
Pour les vieux comme moi qui ont la nostalgie des marionnettes façon Dark crystal, Short circuit est un rappel que même dans une œuvre mineure se cache le talent d’artistes oubliés. C’est dommage, cela avait de la valeur.