"Shower" est un peu la transposition de la guimauve sentimentale que Jaco van Dormael avait étalée dans "Le Huitième Jour" dans le cadre du cinéma chinois. C'est le retour du fils d'un gérant de bains publics promis à la destruction, disposé à assister à son enterrement alors qu'il pensait son père mort. Mauvaise interprétation d'une carte postale, rien de plus. Il retrouve à cette occasion son frère handicapé mental, et Zhang Yang n'aura de cesse de faire peser de tout son poids la charge morale que le frère avait évitée en s'exilant. On peut s'amuser à recenser tous les petits tics de la réalisation caractéristique du cinéma dit d'auteur auteurisant (décidément très universels), avec ses passages qui cherchent à émouvoir de la plus ostensible des manières, qui cherchent à faire jouer le pathos à fond sur le thème du drame familial, du deuil, des responsabilités... Ils sont magnifiquement respectés ici, dans un cadre exotique, cinéma asiatique oblige. À côté de ça, une autre dichotomie binaire se dessine : le fils cadre représente l'avancée du capitalisme, lui qui enjoint son père de vendre son établissement trop vieux, pas à la mode, et l'autre fils simplet qui reste malgré tout sensible à toutes ces traditions, au sens de la communauté, etc. On a ainsi droit à une leçon de morale sur le thème des maux engendrés par le fait de prioriser sa carrière sur sa famille (maux contre maux, donc) et tout le reste. C'est ennuyeux en plus d'être larmoyant et un brin réac. Les métaphores sont énormes, à commencer par la destruction du bâtiment des bains publics, tout comme les sabots de Zhang Yang pour nous raconter cette petite histoire lénifiante remplie d'histoires secondaires uniquement là pour atteindre le gabarit des 90 minutes. Et en plus de ça, l'image retenue pour la distribution occidentale du film est largement mensongère.