Lens care
Après avoir poursuivi son regard sur l’amitié masculine dans un pays en voie de civilisation dans First Cow, Kelly Reichardt renoue avec Michelle Williams pour la quatrième fois, pour s’intéresser...
le 4 mai 2023
27 j'aime
Que raconte Showing up ? A vrai dire, pas grand-chose.
Y voit-on la puissance créatrice d'une artiste ? Pas vraiment : son quotidien est scrupuleusement décrit, certes, mais sans que l'on puisse réellement faire de rapport entre son vécu (les petites contrariétés de la vie quotidienne, d'affreuses chaussettes qu'elle porte en toutes circonstances, un problème de chaudière, les minuscules blessures d'égo) et ce qu'elle crée.
Y mesure-t-on les affres de la vie d'artiste ? Non, simplement ceux du quotidien d'une quidam. D'ailleurs, si le personnage joué par Michelle Williams était professeur de technologie, cela ne changerait pas réellement la teneur du film. Si ce n'est qu'elle parviendrait probablement à prendre une douche.
Est-ce que la mise en scène est remarquable ? Pas du tout. Kelly Reichardt applique ici son habituelle façon de filmer : une manière neutre, blanche pourrait-on dire, qui ne semble viser qu'à s'effacer devant le peu qui est montré.
Comme presque toujours devant les films de cette réalisatrice (sauf First cow, et le dernier volet de Certain Women), je suis donc désarçonné devant l'enthousiasme critique avec lequel est accueilli Showing up. En quoi filmer l'insignifiant de façon insignifiante peut-il être intéressant ? C'est un mystère pour moi, que je ne renonce toutefois pas à percer puisque je vais consciencieusement voir tous les films de Kelly Reichardt.
J'avais initialement envie d'utiliser le terme d'épure pour parler de ce film, mais il faudrait ici inventer un autre terme, qui correspondrait à ce que l'on obtient quand on simplifie une épure, quand on la réduit à sa plus simple expression, quand on renonce à tout artifice (de photo, de mise en scène) qui viserait à faire surgir la beauté à l'écran : écran blanc peut-être ?
Pour les amateurs d'eau tiède et de paysages de rien.
2000 autres critiques sur Christoblog : http://www.christoblog.net
Créée
le 7 déc. 2023
Critique lue 633 fois
16 j'aime
4 commentaires
D'autres avis sur Showing Up
Après avoir poursuivi son regard sur l’amitié masculine dans un pays en voie de civilisation dans First Cow, Kelly Reichardt renoue avec Michelle Williams pour la quatrième fois, pour s’intéresser...
le 4 mai 2023
27 j'aime
Il y a principalement deux manières de représenter l'artiste au cinéma. Alors soit c'est une personne avec ses extravagances, connaissant le succès, réussissant à vivre confortablement de sa passion,...
Par
le 3 mai 2023
20 j'aime
14
Il faut d'abord reconnaître à Showing Up une qualité évidente, il montre réellement ce qu'est une artiste, et ne prend pas le chemin balisé de l'artiste maudit ou le génie qui fait des chef-d'oeuvre...
le 21 avr. 2023
20 j'aime
21
Du même critique
A quelles conditions aimerez-vous Megalopolis ?Si vous aimez les films dont rien ne dépasse, cohérent de bout en bout, maîtrisé et de bon goût, alors n'allez pas voir le dernier Coppola.Si au...
Par
le 24 sept. 2024
43 j'aime
8
Leto est un bel objet, qui plaira aux esthètes, aux journalistes de rock, aux défenseurs de Kirill Serebrennikov (le réalisateur du film, persécuté par le pouvoir russe), aux fans d'Iggy Pop, aux...
Par
le 7 déc. 2018
38 j'aime
8
Mes plus anciens lecteurs savent la force de mon ressentiment envers Albert Serra, depuis une séance calamiteuse du Chant des oiseaux, durant laquelle j'ai cru mourir d'ennui.Mais n'étant pas...
Par
le 18 nov. 2022
35 j'aime
8