Shrek
7.2
Shrek

Long-métrage d'animation de Andrew Adamson et Vicky Jenson (2001)

« T’es pas mouru l’Âne, t’es pas mouru. » SHREK

Né en 1907 d’immigrants juifs de l’Europe de l’Est, William Steig vend ses premiers dessins pour subvenir aux besoins de sa famille lors de la Grande Dépression. Il fait alors des dessins pour adultes. Il passe aux dessins pour enfant à ses 60 ans. Ses personnages sont toujours des animaux ou des monstres anthropomorphes à qui ils arrivent des aventures. Steig apprend l’acceptation aux enfants à travers des situations au caractère aléatoire. C’est dans cette lignée que Shrek ! est publié le 17 octobre 1990. 

Shrek est un mot yiddish pour désigner la peur ou la terreur, le dessinateur a pour habitude de travailler la figure de l’anti-héros. C’est ce qui fera de lui, l’un des illustrateurs pour enfants les plus connus d’Amérique. 

Dans Shrek !, le monde est inversé. De sorte qu’être moche est avantageux, le dragon est perçue comme inoffensives, et le monstre est le héros. Shrek ! est un livre inhabituel, qui vise à renforcer l’estime et l’acceptation de soi des enfants à travers les péripéties d’un ogre repoussant.

C’est toute une équipe composé de Roger S. H. Schulman, Joe Stillman, Ted Elliott et Terry Rossio (ces deux derniers ont déjà travaillés ensemble pour DreamWorks Animation sur The Road to El Dorado) qui sont chargés d’adapter le livre de William Steig sur grand écran. 

Ils en rêvaient depuis longtemps de ce film avec lequel les studios DreamWorks Animation pourrait enfin narguer sans honte les studios Disney. Il faut dire qu'ils avaient tout essayé auparavant en proposant des films d'animation 2D ou encore la sortie de Fourmiz la même année que 1001 Pattes. Véritable relecture moderne des contes de fées (et donc des adaptations Disney), Shrek a été la véritable surprise de l'année 2001.

Le film commence avec les pages d'un conte de fées écrit en lettres gothiques qui se tournent sous nos yeux. Celui-ci s'ouvre par la formule « Il était une fois », puis continue par l'évocation d'une princesse à délivrer d'un méchant dragon. Mais, dans Shrek, tout se détraque. La page du conte de fées se déchire, elle est empoignée par Shrek qui s'en sert pour se nettoyer les fesses, assis sur ses latrines. Les principes des contes de fées sont piétinés au profit du second degré et de l'ironie, tout est en effet miroir. 

Traditionnellement, dans les contes de fées le prince charmant est beau, gentil, mais on ne sait pas beaucoup de choses sur lui, il est enfermé dans ce stéréotype où il doit délivrer une jeune demoiselle en détresse et l’épouser. La plupart du temps il est accompagné de son fidèle destrier. Son cheval est souvent doté d’une grande puissance. Dans certains cas il peut même communiquer avec son maître et il apporte ses conseils toujours très adaptés à la situation. La princesse quant à elle est souvent une très jeune femme. Elle est jolie, un peu naïve. La princesse est souvent victime de ce qui lui arrive. Il ne faut pas oublier le méchant ; il est presque le personnage principal de l’histoire car si il n’était pas là il n’y aurait pas de princesse à sauver donc aucun intérêt à l’histoire. 

Dans Shrek, tout est inversé. Shrek est un ogre répugnant, sale et solitaire. Il vit dans son marais qu’il considère comme un havre de paix. Il est traqué par de nombreux villageois, non parce qu'il a fait quelque chose de mal, mais parce que sa tête est mise à prix. Au fur et à mesure que l'intrigue avance, il est révélé que Shrek n'aime pas qu'on le déteste, il a un bon fond (il accepte de défendre l'âne un peu malgré lui). 

L’Âne fait office de destrier, il semble triste et mal aimé : toute la misère repose sur ses petites épaules, mais il est en vérité extrêmement bavard et surtout collant. C'est un ami fidèle qui est prêt à tout pour faire plaisir à ses compagnons. Son optimisme et son obstination font de lui un compagnon idéal pour l'ogre, qui perd peu à peu de sa réserve en sa compagnie. Shrek est séduit sans vraiment s’en rendre compte, et l’Âne reste à ses côtés.

La Princesse Fiona paraît comme l'incarnation de la princesse telle qu'on l'imagine. Mais elle est en vérité beaucoup plus complexe. Elle pratique les arts martiaux, elle apparaît quelques fois arrogante, elle prouve qu'elle est indépendante.

Le dragon ou plutôt la dragonne, est immense, écailleuse, et effrayante. Mais malgré les apparences, elle souffre de la solitude et est incroyablement romantique. 

Le méchant Farquaad est un homme de très petite taille est de ce qu'il y a de plus hautain, ignoble et froid au monde. Il cherche une épouse qui lui sera fidèle car sans épouse il lui est impossible d'acquérir le statut de Roi.

Ce panel de personnages est doublé par un casting très solide avec Mike Myers, Eddie Murphy ou encore Cameron Grimes. Je voudrais préciser qu’à l’origine, Shrek devait être doubler par Chris Farley qui est décédé d'une overdose de drogue alors qu'il avait enregistré près de 90% des répliques du personnage de Shrek.

Mais pour moi, Shrek c’est en VF.

Emmanuel Curtil (le doubleur de Mike Myers) était à l'origine choisi pour doubler le personnage de Shrek, mais DreamWorks Animation commande un nouveau doublage avec Alain Chabat en remplacement pour des raisons commerciales. Et ça devient une évidence. La voix de Chabat est parfaite pour celle de Shrek, tout autant que celle de Med Hondo (le doubleur de Eddie Murphy) pour celle de l’Âne. C’est un sans faute dans ce casting vocale.

D’ailleurs Vincent Cassel apparaît dans le casting vocal en VO et en VF en interprétant le personnage de Robin des Bois. 

Tout n'est pourtant pas parfait, à commencer par l'animation plutôt raide des personnages, semblant quelquefois se mouvoir comme des automates. Et pourtant, ces animations saccadées font partie intégrante du charme du film, rendant les personnages aussi amusants qu'attachants. 

La réalisation de Andrew Adamson et Vicky Jenson est techniquement en dessous de ce qui peut sortir les studios de Disney ou de Pixar, mais DreamWorks Animation produit un film avec un intelligent dosage entre des petits éléments imparfaits mettant en avant leur qualité (quitte à grossir volontairement leurs défauts) constituant ainsi un équilibre parfait. 

Harry Gregson-Williams et John Powell (qui ont déjà travaillés ensemble sur Fourmiz et Chicken Run) peuvent se targuer d'être à l'origine d'une mode aujourd'hui récurrente dans le film d'animation : mélanger une partition musicale intemporelle et propre au film à des tubes contemporains. 

Shrek a été propulsé instantanément comme emblème des studios DreamWorks Animation. Il est devenu le héros que les studios désespérait d'avoir, leur permettant de passer du statut de malheureux challenger traînant derrière la locomotive Disney à celui de champion qui a su se démarquer tandis que son rival s'embourbait peu à peu dans la médiocrité.

Shrek est le premier à recevoir l’Oscar du meilleur film d’animation en 2002. Cette catégorie fut créée cette même année, les membres de l'académie ayant regretté que le film d'animation Chicken Run de DreamWorks Animation n'ait pas été sélectionné pour l'Oscar du meilleur film l'année précédente.

Lorsque Shrek parait au cinéma, William Steig a alors 90 ans, il déclarera :

C’est vulgaire, c’est dégoûtant et j’adore ça !
StevenBen
7
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le 6 déc. 2022

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Steven Benard

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