Shrek 2
6.7
Shrek 2

Long-métrage d'animation de Andrew Adamson, Kelly Asbury et Conrad Vernon (2004)

Le succès de Shrek en 2001 a été tel qu’en faire une suite semblait évident. De plus l’univers moqueur parodiant les contes de fées offrait un certain nombre d’ouvertures à poursuivre. Sorti en 2004 Shrek 2 fut lui aussi un énorme succès, accumulant les records, pendant que les actionnaires se frottaient les mains. Il fut même dans la sélection du festival de Cannes de 2004. Il n’obtint pas l’Oscar du meilleur film d’animation comme son aîné, le jury lui préférant les Indestructibles de Brad Bird.


Shrek 2 poursuit l’histoire du premier, qui voyait l’ogre Shrek et la princesse-devenue-ogresse Fiona se marier. Ils coulent des jours heureux, pètent ensemble dans leur bain de boue, de vrais amoureux. Même la présence de l’envahissant et agaçant L’âne ne leur est pas (trop) difficile. C’est que la véritable difficulté, la plus importante à surmonter pour tout couple, n’est pas encore arrivée : la rencontre avec les beaux-parents (je n’exagère qu’à peine), ici ceux de Fiona.


Ils doivent donc se rendre au royaume de Fort Fort Lointain, où la surprise des locaux est grande. Shrek est un grand ogre pataud tandis que Fiona ne s’est pas libérée de sa malédiction, alors que ses parents l’avaient envoyé dans un donjon gardé par un dragon à cette fin. Si la reine Lilian prend malgré tout l’affaire avec une certaine décontraction, c’est moins le cas du roi Harold. En effet, outre les manières maladroites de son gendre qui le gênent, celui-ci est lié à Marraine la fée, une entrepreneuse en sortilèges et potions mais dont le sourire candide cache bien d’autres ambitions. Elle cherchait en fait à faire épouser Fiona avec son fils, le bellâtre Prince Charmant. Mais quand Shrek lui vole une potion pour calmer les tensions, elle décide d’en profiter à son profit.


Le premier Shrek avait ses quelques moments aventureux, mais son intérêt résidait surtout dans ses personnages, dans la construction de leurs relations, principalement entre Shrek et Fiona. L’une des idées majeures étant qu’une princesse ne pouvait pas aimer un ogre, discours habituel de l'acceptation de la différence mais malgré tout efficace dans un tel cadre. L’idée revient encore ici, ce qui pourra apparaitre réchauffé. Le personnage de Fiona est malheureusement un peu délaissée, retrouvant une certaine passivité qu’on pensait loin, elle qui démontrait dans le précédent qu’elle n’était pas la jeune fille sage sans reliefs. Il est vrai que beaucoup de personnages ont été ajoutés, mais tout de même, Fiona passe derrière. Le show tourne principalement autour de Shrek et de l’Âne et de nouvelles têtes.


Avec toutefois un nouvel ajout bienvenu, qui fera le bonheur des fans, lui offrant le droit d’avoir son film en 2011, il s’agit bien entendu du Chat Potté. Présenté d’abord comme un obstacle dans la quête de Shrek, son retournement en faveur de l’ogre est atrocement bâclé. Mais son arrivée renouvelle les gags, tournant autour des possibilités félines de l’animal.


Je me rappelle encore de mon éclat de rire lors que j’avais vu le film pour la première fois au cinéma, lors de cette scène où la canaille bottée se lèche le troufignon alors que Fiona croit avoir affaire à Shrek. J’ai adopté (dans la limite de mes possibilités) son adorable air mignon quand je dois demander quelque chose. Je dois reconnaitre ma subjectivité, j’adore ce personnage.


Shrek 2 reste drôle, son détournement des codes des contes de fées fonctionne toujours autant, même s'il se révèle moins présent. Le film assume plus facilement ses références. Cela se ressent dans sa bande-son composée de tubes utilisés pour les scènes clés. Le royaume des parents de Fiona est rempli de parodies de marques, Starbucks en tête. Shrek 2 ne se cache plus pour intégrer de gros clins d’oeil à Disney, avec des personnages presqu’identiques à ceux de la Petite sirène, de Peter Pan ou de la Belle et la Bête. Mais faire d’Ariel une sirène un peu trop tactile ou transformer Hook en pianiste de bar qui joue avec son crochet n’est guère subversif, là où on aurait apprécié que le film ose se moquer de son concurrent. C’est rigolo de référencer certains personnages, certaines musiques, certains décors, et le film adore le faire (cf la page Wikipedia) mais cela ne va pas bien loin alors que le premier film aimait se moquer des clichés et des conventions attendues.


Il reste malgré tout les personnages de Marraine la fée et de Prince Charmant. La première est amusante, avec sa gentillesse qui cache ses manipulations. Mais on ressent que le Prince Charmant est assez mal exploité, inféodé à sa maman, alors qu’il aurait pu être une meilleure parodie de ce genre de personnages. La difficulté était surtout intérieure dans le premier, avec les distances des petits coeurs de Shrek et Fiona qui ne voulaient pas croire à leur chance. Les atermoiements de l’ogre ici ne convainquent pas. Ce qui fait qu’une bonne partie du film tient plus sur la promesse de la menace de ces deux personnages BCBH (bien coiffés bien habillés), mais celle-ci ne se déploiera qu'un peu trop tardivement. Il y a donc un certain tassement de l’histoire, à peine sauvé par quelques gags. Le film se reprend dans sa dernière partie, assumant un côté plus spectaculaire et même assez épique dans la reconquête de Shrek de son identité et de sa personnalité (à plusieurs niveaux).


Ces scènes se révèlent assez bien réalisées, on sent quelques progrès dans l’animation numérique, tandis que d’autres sont encore à peaufiner. Certes la chevelure du Prince Charmant fourmille de soyeux cheveux qu’il s’amuse à faire onduler, pour le plus grand plaisir des animateurs, mais d’autres décors semblent encore maladroits, à l’image de ceux en forêts, qui font encore décors de jeux vidéo. On regrettera que les timides essais du premier pour proposer des plans un peu plus esthétiques soient bien rares ici.


Shrek 2 se montre moins enthousiasmant que son aîné. Mais il amorce un cap, l’introspection des sentiments allant être abandonnée au profit de grandes aventures, dans les aventures de Shrek ou parmi les autres productions de Dreamworks. Il est vrai que Pixar le fait bien mieux. La bascule est encore maladroite. On peut saluer l’arrivée du Chat Potté, personnage gentillement canaille, qui renouvelle un humour qui préfère la référence à la caricature. Le film est plaisant, s’achevant avec ambition, mais la lassitude n’était pas loin, dommage.


Et on saute dedans, les sabots crottés, avec Shrek le Troisième.


Heureusement, Shrek 4 fera le ménage nécessaire pour conclure la série.

SimplySmackkk
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le 11 mai 2021

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