Bye Shrek!
Et bon débarras! Nan j'rigole! Ce 4eme épisode m'a presque réconcilié avec la franchise! J'ai retrouvé certains aspects des deux premiers épisodes (les meilleurs à mon avis), sans pour autant...
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le 5 juil. 2010
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Après le succès de Shrek 2, Jeffrey Katzenberg, cofondateur de DreamWorks SKG et donc de DreamWorks Animation, annonce un troisième et un quatrième film. Après la sortie mitigé de Shrek the third, le studio DreamWorks annonce Shrek Forever After pour 2010 et surtout que ce quatrième film serait le dernier de la série.
À l’origine, il y avait cinq films de prévu. Mais lorsque que Jeffrey Katzenberg tombe sur le scénario de Darren Lemke et Josh Klausner, il décide que l'histoire qu’il a devant les yeux était la bonne façon pour le voyage de Shrek d'arriver à sa fin.
L’écriture de ce quatrième épisode, ce chapitre final, fait peine à voir. Pas de satire de Disney (Duloc) ou de Hollywood (Fort Fort Lointain), Shrek est un père étouffé par le quotidien, en pleine crise de la quarantaine, qui ne supporte pas son nouveau statut de père au foyer. Il n’est plus un ogre éructant et malpoli, mais une attraction à qui l’on demande de grogner ou faire la grimace.
Avant de mettre un peu plus les pieds dans le plat, techniquement, la réalisation de Mike Mitchell est tout à fait correct (même si beaucoup de scènes sont présentes juste pour la 3D). Ce bon vieux Mitchell a bossé sur l’animation de Antz, Shrek the third et Monsters vs Aliens, un vrai soldat de DreamWorks Animation.
Shrek a la peur maladive de se laisser enfermer dans un quotidien répétitif de la vie de famille et rêve de pouvoir retrouver le bon vieux temps où il pouvait faire ce qu’il voulait quand il voulait comme il le dire à Fiona durant le film. Shrek va tenter ainsi d’échapper à cette vie pour renouer avec sa virilité à l’extérieur du foyer.
Dans Shrek the third, Shrek était hanté par la peur de voir sa vie envahie de petits bébés. Dans ce quatrième opus, ce cauchemar est devenu réalité. Si le film nous montre au début notre héros plutôt heureux dans son rôle de nouveau père, ce bonheur est de courte durée. L’enfermement dans un quotidien répétitif et clos sur la sphère familiale devient très vite insupportable.
La situation devient tellement invivable pour notre héros, que le jour du premier anniversaire de ses enfants, il craque complètement devant sa famille et tous ses amis.
Shrek souffre de tous les renoncements que la parentalité implique, alors que Fiona s’accommode naturellement de tous ces sacrifices. En ne montrant que des hommes qui souffrent, on invite ainsi à penser qu’il est tout à fait naturel pour les femmes de s’épanouir dans les tâches parentales et domestiques.
Mais revenons à Shrek qui est le seul point central de ce film. Celui-ci ne supporte pas l’enfermement dans la vie de famille morne et répétitive, mais pas seulement. La nuit, lorsque tout le monde dort, on le voit ressortir avec nostalgie une vieille affiche du temps où il était un ogre redouté. Shrek vit sa nouvelle paternité comme une émasculation. Autrefois gros dur, son rôle de papa au foyer l’a complètement ramolli.
On comprend ainsi tout l’attrait qu’a pour lui la proposition faite par Rumpelstilzchen (le nain Tracassin) d’échanger un jour quelconque de sa vie passée contre un jour dans la peau de l’ogre qu’il était autrefois. En redevenant pour un jour Shrek le gros dur qui effraie tout le monde, notre héros pourrait ainsi renouer avec sa virilité qu’il souffre tant d’avoir perdue. Shrek signe le pacte de Rumpelstilzchen en laissant celui-ci choisir le jour contre lequel il échange ce moment de jouissance masculine. Shrek aurait dû se méfier car il se rend compte que Rumpelstilzchen lui a échangé cette journée avec le jour de sa naissance. Dans ce monde, Shrek n’est donc jamais né, et n’a jamais sauvé Fiona. Toute la quête de Shrek consistera à reconquérir Fiona pour obtenir d’elle le baiser qui le délivrera.
Sauf que la tâche n’est pas aisée. En effet, dans cette timeline, Fiona s’est délivrée toute seule et a pris la tête d’un mouvement de résistance cherchant à détrôner Rumpelstilzchen qui règne en tyran sur toute la contrée.
Alain Chabat et Barbara Tissier sont toujours impériaux dans les rôles de Shrek et Fiona. Ils sont rejoint par William Coryn dans le rôle de l’antagoniste Rumpelstilzchen qui est très bon dans son rôle. Par contre la présence de Rumpelstilzchen détruit la cohérence de l’univers étant donné qu’on a déjà vu Rumpelstilzchen dans Shrek the third, un tout autre personnage.
En ce qui concerne l'aspect physique de Rumpelstilzchen, les dessinateurs indiquent qu’il est une caricature de Max Boas, le directeur artistique de Shrek Forever After.
Pour en revenir à Fiona, elle n’est pas la parfaite petite femme que l’on a connue dans les volets précédents. Elle ne vit pas le jour en ayant honte de ce en quoi elle se métamorphose au coucher du soleil, mais elle vit au contraire la nuit en tant qu’ogresse, en se cachant le jour pour que personne ne la voie en princesse. Ce choix est évidemment lourd de sens : Fiona refuse de correspondre à l’idéal féminin de la princesse jolie et soumise.
Il serait tentant de voir le parcours de Fiona comme celui d’une émancipation féminine. Mais un élément vient relativiser cette lecture. Shrek dit à Fiona qu’il est le grand amour qu’elle a attendu, elle lui reproche de n’avoir rien fait pour la sauver. Fiona est donc devenue une femme forte par défaut. Elle aurait préféré que son Shrek vienne la délivrer comme dans les contes de fée. Fiona est devenue indépendante parce qu’elle n’a pas trouvé l’homme qui lui fallait.
Car au final, tout le trajet accompli par Fiona consistera à se laisser convaincre et séduire par Shrek pour retourner dans le rang. Lorsqu’elle finit par tomber amoureuse de Shrek et lui donner le baiser rédempteur, le monde dans lequel elle était une femme émancipée s’écroule pour laisser place à celui où elle est une mère dévouée à son mari et ses enfants.
La métamorphose de Fiona n’est pas la seule surprise. En effet, Shrek ne cesse de se faire traiter de gringalet par les autres ogres. De la même manière, le Chat Potté est devenu le Chat Pottelé alors qu’il était un parangon de virilité redoutable au combat. De son côté, l’Âne ne parvient pas à reconquérir la dragonne.
Le casting secondaire est toujours hilarant grâce à Med Hondo et Boris Rehlinger respectivement en Âne et en Chat Pottelé. Personne d’autre ne ressort réellement même si on peut noter la présence de Conrad Vernon (coréalisateur de Shrek 2) en Ti-biscuit et Chris Miller (coréalisateur de Shrek the third) en Miroir Magique.
Même le réalisateur Mike Mitchell prêtera sa voix à quelques personnages dont le Tour Guide qui présente le quotidien morne de Shrek dans une petite mise en abîme.
En ce qui concerne les forces politiques en présence, on a d’un côté une horde de sorcières qui répand la terreur avec à sa tête un nain qui est tout sauf viril, et d’un autre côté on a une guerrière redoutable à la tête d’une armée d’ogres. Alors que Shrek émasculé cherchait au départ à retrouver un peu de virilité, il se retrouve donc dans un monde où les femmes dominent les hommes. À la peur de l’émasculation, le film répond en envoyant Shrek vivre une journée sous le matriarcat.
Shrek retombe amoureux de Fiona en guerrière et il déclarera à Fiona : « Tu sais, j’ai toujours cru que c’était moi qui t’avais sauvée du dragon, mais c’était toi qui m’a sauvé ». Symboliquement, dans le générique, c’est Fiona qui porte Shrek et non l’inverse.
Si le message est sympathique et bienveillant, on est bien loin des satires beaucoup plus intéressantes et piquantes des deux premiers opus. Et d’ailleurs tout le monde ne sera pas d’accord avec cette analyse un peu tirer par les cheveux, je dois bien l’avouer.
La musique du monsieur à tout faire de DreamWorks Animation, Harry Gregson-Williams (Antz, Chicken Run, Shrek, Sinbad : Legend of the Seven Seas, Shrek 2, Flushed Away et Shrek the third) est plus transparente que jamais.
Censé être le dernier épisode de la saga, Shrek Forever After se contente d’une petite histoire tirée par les cheveux, qui ne retrouve ni la verve, ni l’aspect parodique qui avaient fait le succès de la série. Le spectateur a donc droit au service après-vente pour tenter un dernier coup marketing, sans le moindre effort pour se retirer en beauté.
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Créée
le 10 déc. 2022
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