Avec Moonlight et maintenant Si Beale Street pouvait parler, Barry jenkins possède déjà sa carte de grand réalisateur. Attention quand même à une tendance qui s'affirme encore davantage dans son dernier film, celle d'un certain esthétisme qui n'est pas loin de toucher au maniérisme, en particulier dans des passages qui ne requièrent aucun effort de beauté formelle, a priori. Ceci posé, Si Beale Street pouvait parler est un somptueux long-métrage, une histoire d'amour fou telle qu'on peut en trouver chez Frank Borzage, rempart contre l'iniquité et le racisme rampant de l'Amérique des années 70. Bien entendu, cette adaptation de Baldwin vaut aussi pour son message social et politique dans un contexte sans ambigüité, celui de l'injustice de la justice blanche à l'égard de la population afro-américaine (symbolisée par un flic à la peau pâle cependant un tantinet caricatural). Si l'on veut trouver un autre reproche à faire au film, ce serait peut-être quelques langueurs dans son montage avec une propension à abuser des scènes contemplatives et ornementales alors qu'une poignée d'autres montre une énergie farouche qui contraste habilement avec la douceur générale de la mise en scène (le crêpage de chignon dans la rencontre entre les familles des deux héros est superbe d'intensité et d'humour ravageur). Les deux interprètes principaux sont excellents : Stephan James et surtout Kiki Layne, au jeu nuancé qui fait de Si Beale Street un émouvant portrait de femme : passionnée, forte, résignée et lumineuse.

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le 1 févr. 2019

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