Le premier film de Bertrand Blier est un film sombre, une histoire d'espions absolument pas caustique (pour peu qu'on s'attende au Blier des années suivantes) ni spectaculaire. "Si j'étais un espion" est plus proche dans l'esprit -et d'ailleurs le personnage central joué par Blier père est, pareillement, un médecin novice en matière d'espionnage- des "Espions" de Clouzot, par son côté inquiétant et irrationnel, que des avatars courants et rocambolesques de la série B française.
Pour une simple visite à un patient pas comme les autres, le docteur Lefèvre se retrouve surveillé puis menacé par une organisation mystérieuse (barbouzes étrangères? DST?) dont il devient l'instrument.
Toutefois, en dépit d'un certain style appliqué à un récit intimiste et dépouillé, porteur d'étrangeté, en dépit de la conviction de Bernard Blier dans une composition grave, le film n'est pas toujours convaincant et ne semble pas totalement abouti. Sans doute parce que le scénario s'avère, conjointement à son caractère anecdotique, assez faible, sans ressort, sans idée majeure. Le rôle de la fille du docteur, objet d'un chantage sur Lefèvre, est même assez terne, pas une riche idée en tout cas. Seul le moment où le réalisateur insinue que Lefèvre pourrait être
réellement un espion communiste
introduit un moment de trouble, hélas isolé.