Si on chantait par pierrick_D_

Quatre chômeurs,anciens employés d'une usine de Valenciennes qui a fermé,décident de mettre à profit leur goût pour le chant en montant une entreprise dont le but est d'aller chez les gens pour leur interpréter les chansons qu'ils veulent entendre.Ce premier long-métrage de Fabrice Maruca se veut être un feel good movie mais c'est plutôt un file goût de vomi.Il faut dire qu'il l'a coécrit avec le redoutable Alexandre Charlot,coscénariste de "Bienvenue chez les Ch'tis" ou "Astérix aux Jeux Olympiques"et coréalisateur avec Franck Magnier des sublimes "Boule et Bill" et "Imogène McCarthery".Tout va de travers dans cet ersatz de cinéma à l'esthétique de téléfilm.Image moche,mise en scène maladroite,rythme soporifique,acteurs nuls,n'en jetez plus,même l'arrière-cour est pleine.On perçoit clairement ce que Maruca et le judicieusement nommé Charlot ont voulu faire,une oeuvre picorant à droite à gauche en essayant de réunir la comédie sociale anglaise,le musical version variétoche et la grosse farce nordiste.Ils essaient donc de dépouiller les cadavres refroidis des hits british genre "The Full Monthy","Les virtuoses" ou "The Singing Club",les fantômes parfumés au Maroilles et au genièvre de "Bienvenue" et "Les Tuche",et bien sûr la playlist successfull du "On connait la chanson" de Resnais.Le hic,c'est qu'ils se loupent sur tous les tableaux,leur pauvre tentative n'étant ni drôle, ni émouvante,ni socialement pertinente ni régionalement valorisante.Le volet "capitalisme prédateur et victimes de l'horreur économique" est vite évacué et le décor n'est guère utilisé,de sorte que ça pourrait aussi bien se passer n'importe où ailleurs.Reste l'idée directrice du film,la seule qu'on ait eue,qui consiste à flatter l'oreille du public en actionnant la machine à tubes.Comme c'est un peu léger et que ça a déjà été fait,on meuble avec un fil narratif squelettique et prévisible car vu mille fois.Les amours inavouées de Franck et Sophie,l'amitié perturbée de Franck et José,la rivalité sociale de Jean-Claude et José,la liaison toxique de Sophie et Philippe tentent piteusement d'animer le show au gré de scènes ridicules,caricaturales et totalement ratées.On se fout éperdument de ce qui peut arriver à ces sinistres clowns cons et antipathiques,d'autant que c'est si cousu de fil blanc qu'on le voit venir de loin.Débuts difficiles,découragement,frémissement,succès inattendu,brouilles artificielles qui remettent tout en question,grande réconciliation baveuse et triomphe final au milieu d'un stade pour une conclusion au zénith hélas complètement nulle.Bon,quand même,on critique mais il y a cette inspiration géniale qu'a Franck d'inventer ce concept de livraison de chansons,c'est de la start-up de pointe ça,non?Non, effectivement,c'est juste une idée de merde en réalité.Franchement,à l'heure de dix heures,euh Deezer,d'Internet,des CD,vous croyez vraiment que les gens vont s'emmerder à faire venir chez eux et à payer des casseroles sur pattes pour leur goualer des trucs qu'ils peuvent écouter gratuitement quand ils le veulent,et interprétés par des pros.En fait,voir ces chanteurs à la gomme débarquer à domicile provoque surtout une sensation de malaise intrusif.Et puis dans certains cas ça existe déjà vu qu'à un moment on intervient pour un mariage.Ouais,sauf que les chanteurs de noces et banquets,il y en a depuis bien longtemps,et eux sont là toute la soirée,il ne viennent pas pour balancer une seule chanson.Quelques séquences de "livraisons" surnagent malgré tout,celle notamment dans laquelle Jean-Claude vient signifier la rupture amoureuse à un mec infidèle devant tous ses collègues hilares sur "Partir un jour",ou le moment où Sophie se voit contrainte de dégoiser une chanson d'amour à la femme de son amant.L'acteur vedette Jérémy Lopez est sociétaire de la Comédie-Française,ce qui fait très peur.Zéro charisme,gueule de raie,jeu limite amateur,espérons qu'il soit meilleur au théâtre qu'au cinéma.Le seul à sortir du lot est,une fois n'est pas coutume,un Clovis Cornillac réjouissant en cadre étriqué à chemisette et lunettes.