Un beau titre, Si tu voyais son coeur, pour le premier film de Joan Chemla. Avec un casting qui se distingue : Gael Garcia Bernal, Marine Vacth, Karim Leklou et le désormais indispensable Nahuel Perez Biscayart. On aimerait l'aimer plus ce film, parce qu'il vient d'une réalisatrice qui entend imprimer sa propre signature et parce qu'il est plutôt ambitieux, au moins sur la forme. Le premier reproche survient pourtant rapidement : en déconstruisant son histoire, en cassant son rythme chronologique, Joan Chemla doit orchestrer le chaos d'une narration qui fonctionne difficilement avec des allers et retours permanents entre le passé et le présent. Ce n'est pas que l'on s'y perde vraiment mais les enjeux sont écrasés par ce qui apparait comme une stylisation trop systématique. En ressort également une mythologie incertaine de la dérive, du désespoir monté en sautoir, avec l'amour avec un grand A comme seul espoir. On y trouvera une poésie plus poisseuse qu'élégiaque, avec le seul personnage qui fait exception (Marine Vacth), comme un contraste trop éclairé dans une lumière angélique et malade. Si tu voyais son coeur est tiré d'une nouvelle, cela n'explique pas les manques du scénario d'un film pétri de bonnes intentions mais encore maladroit dans son exécution.