Pour être tout à fait honnête, j’ai toujours eu du mal avec les dépressifs, que ce soit dans la vie ou au cinéma. J’ai beau avoir conscience que c’est une vraie maladie, je n’arrive pas à concevoir qu’on puisse faire preuve de misérabilisme, qu’on puisse s’apitoyer sur son propre sort alors que tant de personnes dans ce monde sont dans une situation bien pire que la nôtre.
Je sais bien que ce n’est pas de leur faute, mais en voyant ces gens autocentrés constamment se poser en victimes, réclamer du soutien plutôt que d’agir pour résoudre leurs problèmes tout en ignorant ceux des autres, je ne peux m’empêcher de les trouver extrêmement égoïstes, c’est plus fort que moi.
Ainsi, j’ai éprouvé quelques difficultés avec les personnages de Sideways. Paul Giamatti est un acteur remarquable et il est tout à fait justifié qu’il ait percé avec ce rôle, mais Miles, son personnage qui ne cesse de se morfondre alors que le but du voyage est justement de couper du quotidien pour passer un agréable moment, a tout pour me repousser. Pour sa défense, il est vrai que son compère Jack ne l’aide pas dans sa démarche. Alors que Miles a préparé une semaine à travers les vignes de la Napa Valley, lui annonce la couleur d’entrée : non seulement il a la ferme intention de coucher avec tout ce qui bouge avant son mariage le weekend suivant, mais il est en plus hors de question que Miles vienne le gonfler avec ses histoires de déprime. Bref, entre un qui n’a pas le moral et l’autre qui n’a aucun sens moral, la semaine s’annonce chargée.
Il est tout de même intéressant de voir ces deux hommes évoluer. Miles, il est vrai, n’a pas été épargné par la vie et essuie un nouvel échec à chaque fois qu’il pense voir le bout du tunnel. Pour Jack, c’est l’inverse, tout marche un peu trop bien et il se demande s’il n’est pas passé à côté d’une vie plus palpitante. A travers les péripéties de leur voyage, les deux amis se questionnent et cherchent à redonner un sens à leur vie, le tout dans un cadre magnifique et avec Alexander Payne aux commandes, réalisateur qui s’est affirmé avec le temps comme un expert des crises existentielles.
Récompensé par l’Oscar du Meilleur Scénario ainsi que deux Golden Globes, Sideways est certainement un film intéressant, intriguant même. Si les trophées évoqués peuvent paraitre un peu too much, il convient de reconnaitre la qualité du jeu des acteurs ainsi que celle de l’écriture. Toutefois, il est difficile de s’investir davantage dans le film lorsqu’on ne peut pas compatir avec les personnages. Entre celui qui refuse obstinément de voir ne serait-ce qu’un point positif dans sa vie et l’autre qui se plaint de trouver des problèmes après les avoir cherchés, on se dit que quelque part ils n’ont que ce qu’ils méritent.
Bon dans l’ensemble, Sideways ne parlera pas à tout le monde mais vaut le coup d’être vu, au moins une fois.