Les héros sont dézingués.
Enchainer la trilogie du dollar avec ce film est loin d’en faciliter le visionnage : difficile de redescendre après les sommets atteints chez Leone. Don Siegel a toutefois sa patte, et les audaces du nouvel Hollywood irriguent ce film avec suffisamment d’impertinence pour lui donner de l’intérêt.
Cela faisait longtemps qu’on ne voyait plus de romance dans le western, passée au crible de la vénalité par Leone, ou reléguée au souvenir, et donc au deuil. Ici, l’étrange association entre un cavalier solitaire (Eastwood) et une nonne (Shirley MacLaine) distille une sorte de screwball vraiment originale. Les nombreux détournements face à l’engagement religieux, le crucifix qui sert à éblouir les indiens ou faire taire un mourant sont autant de petites audaces assez savoureuses.
La trame du récit n’est certes pas originale, et un peu laborieuse avant de parvenir à son but, même si le duo fonctionne bien et que les péripéties sont assez surprenantes, soulignées par un score de Morricone des plus sympathiques.
[Spoils]
Alors que les masques tombent et que la nonne se révèle pute aux ambitions et à la grande gueule surprenantes, Siegel fait converger les quêtes sentimentales, financières et idéologiques (dans le contexte de la guerre au Mexique entre Juaristes et Français) autour de l’assaut de la caserne française, et se fait clairement plaisir. Montage frénétique, dynamite à tous les étages, on n’en finit pas d’investir les lieux, et tout le monde y trouve son compte.
D’un humour d’abord un peu épicé dans son flirt avec la religion, le film se dirige vers une véritable bouffonnerie finale à l’image de ce dernier plan où le couple opulent poursuit sa quête à dos de mule : c’est bien dans ce regard sardonique sur ces héros vénaux et immoraux que le nouveau western prend tout son intérêt.
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