Initialement prévu comme un western réunissant Robert Mitchum et Deborah Kerr par son auteur Budd Boetticher, Two Mules for Sister Sara changera de direction sous les réécritures du scénariste Albert Maltz, le haut de l'affiche revenant finalement à Clint Eastwood et à Shirley MacLaine après le désistement d'Elizabeth Taylor.
Seconde collaboration entre Don Siegel et Clint Eastwood après Coogan's Bluff, Two Mules for Sister Sara semble étrangement contaminé tout du long par l'exode transalpin de la star du futur Dirty Harry, tant l'influence d'un Sergio Leone se fait sentir. Cadre mexicain, gueules patibulaires, violence exacerbée, multiples ruptures de ton... Tout suinte le western spaghetti à plein nez, la folie en moins, Hollywood oblige.
Forcément plus sage que les oeuvres dont il semble s'inspirer mais apportant une certaine fraîcheur au western hollywoodien, Two Mules for Sister Sara vaut surtout le détour pour le dynamisme de son couple vedette, tout simplement savoureux dans ses échanges musclés. L'intrigue, qui patine à quelques reprises, semble presque secondaire, avant de se réveiller dans une dernière bobine spectaculaire et assez violente pour l'époque.
Sans être vraiment marquante, Two Mules for Sister Sara est une tragi-comédie fort sympathique, traînant parfois en longueur mais bénéficiant du solide savoir-faire de Don Siegel, du charme incontestable de ses têtes d'affiches, et bien entendu de la partition une fois de plus remarquable de l'immense Ennio Morricone.