Silence de Dieu vs Bruit de nos souffrances

A l'automne de sa vie, Martin Scorsese, nous fait partager ici, par son langage cinématographique à l'apogée de son éloquence, ses interrogations sur le Silence de ce Dieu insensible à nos souffrances. Il nous raconte cette histoire de deux missionnaires portugais, partis au Japon, à la recherche de leur maître, accusé d'avoir apostasié le Christ et renié sa foi, sous la contrainte du grand inquisiteur. Le récit se situe au XVIIème siècle, à l'époque où le Japon martyrisait les chrétiens et résistait à la colonisation.
On a toujours pu décoder dans l'oeuvre de Scorsese, ce côté mystique, témoin d'une foi latente, rampante, mais ici c'est le thème essentiel du film.
Par le regard du père Rodrigues, il arrive à nous faire vivre intensément ses doutes, ses indignations face à la souffrance, il nous montre aussi la foi déraisonnée et naïve des gens simples, comme ces pauvres paysans japonais, qui viennent chercher le paradis dans sa bénédiction ainsi que le pardon et la rédemption dans la confession.
Les plans sont d'une beauté sublime, comme celui en plongée, des 3 missionnaires descendant un escalier immaculé, mais traversant l'écran de gauche à droite.
De la beauté aussi dans les scènes de torture, comme celle de la crucifixion dans la mer déchaînée, démontrant qu'on peut faire de la beauté dans l'horreur et que c'est quand on plonge dans le marécage de la souffrance qu'on peut apercevoir la lumière.
La scène finale est particulièrement éblouissante, elle s'étire dans le temps d'une manière magique, et sans avoir besoin des mots, nous fait passer avec ingéniosité, par les différentes phases d'états d'âme du père Rodrigues, qui finit par céder à son humanité, à sa compassion plutôt qu'à l'Etre Suprême... Je suppose que Scorsese, en proie aux doutes, a lui-même opté pour cette direction, l'Homme, avec une majuscule.
Un chef-d'oeuvre qui invite à la réflexion sur l'énigme et les contradictions de l'homme.
N'oublions pas qu'un jour "les hommes inconsolables de leur finitude, ont inventé Dieu"... mais çà n'engage que moi !!!

Juliette-Cinoche
10

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le 23 févr. 2017

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