Avec SILENCE, pour la seconde fois, Scorcèse revient sur LA question qui le taraude : comment trouver la (vraie) voie de la foi ? Dans son film la dernière tentation du Christ, c'est Jésus lui-même qui doute en mourant sur la croix, la voie n'aurait put-elle être celle d'avoir une vie normale ? avec une femme ? Non et je m'en remets à Dieu en mourant sur ma croix.
Dans Silence, c'est un mouvement contraire, moi, Père Sebatiao Rodrigues, curé Portugais des années 1660 je vais débarquer au Japon et vous assener LA foi, à vous, pauvres paysans, avec une certitude inébranlable, sans rien essayer de comprendre de la société japonaise dans laquelle je débarque .
Le Padre s'y cassera les dents, les autorités japonaises de l'époque vont le faire plus ou moins subtilement et cruellement craquer petit à petit pour finalement, dans une scène de pendaison par les pieds (métaphore de crucifixion à l'envers) qu'on l'oblige à regarder l'amener à abjurer sa foi. Mais c'est justement en l'abjurant qu'il la trouvera !, guidé en cela par son ancien mentor ( Liam Neeson ) qui pour sa part aura fait entre temps la jonction entre les traditions bouddhistes et Chrétiennes.
Finalement Jésus est réduit au silence dans le cœur de Rodrigues au fur et à mesure que celui-ci se japonise, mais au final , tout est dans tout , puisque même les funérailles de Rodriges effectuées selon la tradition bouddhiste n'empêcheront pas le Christ d'être là, au creux de sa main... Beau retournement, éternel cercle dont on ne sort... Scorcèse nous mène par le bout du nez pendant près de trois heures dans les affres de la foi.
Aucune musique ne vient of course soutenir le film, la bande son c'est le silence....
Bien des parallèles esthétiques pourront être fait entre les deux films "religieux" de Scorcese (prééminence des éléments naturels, dépouillement zen, recherche cathartique de la foi) et nombre de références à la passion du christ sont subtilement instillées... un vrai régal.