Cette aventure, portée par Martin Scorsese et magnifiquement jouée par Andrew Garfield, d’un prêtre Jésuite Portugais dans le Japon de 1640, nous embarque là où le christianisme, menace décivilisatrice, fut l’objet d’abominables persécutions incluant toute la science des tortures de pointe et des sauvages châtiments, traditionnels d’une culture se revendiquant pourtant de la paix et de l’harmonie naturelle shintoïste.
Les grandes confrontations de la seconde grande partie, bien plus riches en réflexions et en philosophie, se dualisent entre le grand Inquisiteur Japonais, dont la subtilité et la noble sagesse surprend et ne fait aucun doute, et notre prêtre, représentant du despotisme catholique conquérant de l’époque, et néanmoins convaincu d'apporter l’amour et la vérité au pays du Soleil Levant. Car l’enjeu pour le vainqueur de cette intéressante guerre théologique serait évidement de voir les troupes du vaincu se plier sans douleur.
Assourdi par le terrible silence moral de son Dieu désespérément absent durant tout son calvaire, achevé par l’apparente béatitude de son ancien mentor retrouvé et converti au bouddhisme, torturé dans son corps par la captivité, et dans son âme par la culpabilité d’infliger l’horreur aux quelques gogos japonais convertis, exemplaires de courage et de dignité chrétienne soit dit en passant, la conclusion de ce grand spectacle nous dévoilera l’étrange mécanisme conclusif de notre fervent et intègre héros.
Il en résulte surtout une tragique et cruelle ironie de l’histoire de voir tant de drames et de douleurs engendrées par l’orgueil et la conquête par ceux-là même se prétendant les messagers de la paix et de l’amour universel.