Je ne m'attendais pas vraiment à ça, avant de commencer Silence. Un film qui tourne autour de la foi, sujet qui obsède Martin Scorsese, qui avait déjà réalisé La Dernière Tentation du Christ, mais avec des éléments de narration et d'action typiquement scorsesiens. Le résultat est étonnant : on suit les pérégrinations de ces deux jésuites perdus en terres nippones, entre moments très lents et chiants, contemplation physique et théologique captivantes, scènes d'action en forme de thriller et d'autres totalement éclatées. Il est difficile de voir une unité dans ce film, sinon dans le sujet qui préoccupe le plus le réalisateur : la foi catholique. L'acmé se situe au moment de la renonciation du jésuite, véritable déchirure intérieure, qui n'est pourtant pas un si grand pas que ça, à en croire la voix off d'un Christ fantasmé : "Step". On a donc une critique assez simple (et juste), non pas de la foi ou de la religion, mais de l'extrémisme et de l'universalisme religieux, dans un retour aux sources ingénieux. Le tout mené par un trio de personnages un peu trop caricaturaux : un jésuite qui ne perdra jamais l'extrémisme de sa foi (Adam Driver), celui qui l'a abandonnée depuis longtemps (Liam Neeson), et celui qui naviguera constamment de l'un à l'autre (Andrew Garfield, qui fait là une performance magistrale). Dernier point négatif, le film oublie d'introduire et de souligner les spécificités de la culture japonaise, surtout aux yeux d'Européens du XVIIe siècle. C'est très frappant surtout après avoir, par pure coïncidence, visionné la très bonne série Shogun, qui traite peu ou prou des mêmes thématiques.