Qu’il m’est difficile d’appréhender le dernier opus de Martin Scorsese, sans arriver à un avis aussi tranché que : c’est calamiteux !
La réputation du réalisateur à adapter l’inadaptable n’est plus à faire. Tout au long de sa longue carrière il l’a prouvé, nombre de ses films, par leur maîtrise et ce sens inné de filmer juste et avec classe, se placent comme des chefs d’oeuvres ou pour le moins comme excellents. A de rares exceptions, il se prend les pieds dans le tapis, “Kundun” et “La dernière tentation du Christ” notamment. De ces deux oeuvres mystico-mystique le manque de détachement de l'auteur, entre fascination et introspection, fait que l'immersion est impossible, le rejet total jamais très loin.
C’est aussi l’impression que donne “Silence”, pour les mêmes raisons. En prenant fait et cause pour ce prêtre missionnaire qu’il érige en héros, Scorsese oublie simplement de replacer le prélat dans le contexte historique. L'évangélisation forcée et ce côté invasif de tous ces fous de dieu catholiques qui ont provoqué sur 4 continents des centaines de milliers de morts pendant quelques siècles. Cette affection pour le padre Rodrigues, se transforme alors en affliction, le film n’étant que 2h00 d’atermoiement sur sa personne, à l’écran et par le biais de cette voix off particulièrement pénible ad nauseam. Sensation accentuée par un Garlfield qui ne tient pas la voie sacrée, forçant l'expressivité à outrance.
La recherche du père Ferreira, devient alors prétexte et ce n’est pas le dernier quart du film qui viendra me contredire. Cela aurait pu être un vrai moteur de l'histoire pourtant. La quête épique d’un disparu déifié au cinéma donne souvent lieu à une puissance scénaristique, un jeu de conflits intérieurs... on pense à “Apocalyspe now” ou bien encore “Il faut sauver le soldat Ryan”. Mais Scorsese réfute toute forme critique de cet engagement mystique et par conséquent le légitimise. Alea jacta est !
Alors bien sur, on peut s’extasier sur toute la technique, certains plans sont de haute voltige, la direction artistique phénoménale, il en est de même pour la photo. Mais cela n’a été pas suffisant à mes yeux. Calamiteux ennui ! Calamiteux traitement de son sujet ! L'absolution au prochain film ?