Je ne m'attendais pas à prendre une telle claque devant Silenced bien que la note de mes éclaireurs aurait pu me mettre la puce à l'oreille (8.4 de moyenne sur 8 notes dont 4 recommandations). Décidément vous êtes de bien bons conseillers mes amis, dorénavant je vous écouterais plus souvent, enfin peut-être.
Quoi qu'il en soit, belle découverte que ce Silenced réalisé par Hwang Dong-hyeok dont c'est ici le second film. Le sujet n'est pas des plus simples, ni des plus joyeux et pour cause : le viol et la maltraitance d'enfants n'est pas forcément sujet à plaisanter. C'est du coup sans grosse surprise qu'on se retrouve avec un film très premier degré, laissez vos sourires de côté et préparez vos mouchoirs pour les plus sensibles.
Silenced est donc adapté d'un livre lui-même inspiré d'une histoire vraie et même si d'accoutumée je suis assez insensible à cette mention 'True Story' (Ils en profitent toujours pour en faire des tonnes) force est de constater que cette simple évocation à la fin du film m'a donné quelques frissons.
Dans sa construction le film se divise en deux parties et en deux ambiances très claires. Commençons donc par le commencement et cette première partie de long-métrage qui emprunte beaucoup au genre horrifique avec une ambiance pesante et inquiétante tout en faisant preuve d'une sobriété assez étonnante. Tout est sombre et louche dans Munjin, la ville du brouillard où les personnages étranges se succèdent (le gardien de nuit, les directeurs jumeaux...). L'ambiance sonore est propice à l'angoisse et la mise en scène est très clinique, précise dans le cadre et dans le découpage des scènes. Et si le réalisateur prends ce pris-parti c’est avant tout pour préparer le terrain aux quelques scènes malsaines qui ne manqueront pas de rendre de vous rendre mal à l’aise. Ces scènes ce sont bien entendu les fameuses scènes de viol qui sont tout de même relativement explicites.
J’étais avec un collègue fana de films coréens lors du visionnage du film et il s’est posé une question assez judicieuse « Est-ce que le film va trop loin ? Ce côté démonstratif est-il justifié ? ». Pour moi Silenced s’arrête là où il faut, il ne va jamais trop loin dans le malsain et dans le mélo, je le trouve même particulièrement judicieux dans son dosage et je ne suis pas d’accord avec ceux qui lui reproche son jusqu’auboutisme. Être démonstratif c’est bien, le faire en étant judicieux c’est encore mieux et Hwang Dong-hyeok l’a bien compris.
La seconde partie du film est quant à elle est axée sur la partie morale et sociétale du récit et le film a eu l’impact escompté socialement parlant étant donné que le président coréen a décidé de renforcer les mesures pour la protection des enfants après avoir vu le film. L’enquête aurait même été rouverte après coup, je ne trouve plus l’article que j’avais lu qui en parlait mais c’est quand même assez édifiant. Quels sont les accusés ici ? La police et les tribunaux, coupables de fraude et de passivité concernant l’affaire. Ce n’est bien entendu pas la première fois qu’on retrouve des films à charge contre les forces de l’ordre en corée, des films comme Memories of Murder avaient déjà bien ouvert le chemin. Mais si Memories of Murder faisait preuve d’un certain recul lui permettant d’y insérer une pointe de dérision et d’ironie, Silenced quant à lui fait preuve d’un sérieux impassible. C’est un film qui aurait pu être d’une lourdeur totale mais qui bien heureusement bénéficie d’une mise en scène judicieuse et d’un scénario particulièrement bien écrit. En somme, l’approche est très frontale et manque peut-être de recul mais c’est ce qui fait son efficacité redoutable. Frissons garantis.
Les acteurs s’en sortent particulièrement bien sans aucune exception dans ce casting qui m’était totalement inconnu à l’exception de Jung Yu-Mi que j’avais vu dans A Bittersweet Life. Pour conclure je recommande ce film chaudement, il mérite beaucoup plus de notes sur SC.