Peut-on pécher par excès de respect pour une oeuvre lorsque l'on décide de l'adapter sur un autre medium ? Christophe Gans a déjà donné une réponse claire avec son très moyen Crying Freeman. Visiblement véritable fan de l'oeuvre originelle, il a préféré donner dans la transposition et le fan service que dans l'adaptation à proprement parler.
Mais pour Silent Hill, la donne est différente. Déjà, il s'attaque à un jeu vidéo créé à l'époque où les langages cinématographique et vidéoludique commencent à s'influencer mutuellement, en particulier dans le domaine du jeu d'horreur/épouvante. Les moteurs 3D de la génération PSone autorisent des jeux de caméra audacieux, et Silent Hill, notamment dans la séquence d'introduction, où le héros poursuit sa fille à travers la ville déserte, s'enfonçant dans ses entrailles et basculant doucement vers un cauchemar que ne renierait pas Clive Barker, est particulièrement audacieux à cet égard.
Gans transpose donc bon nombre de séquences tout à fait à propos dans un film, qui gagnent en superbe ce qu'elles perdent en interactivité. Une fois de plus, il oeuvre en tant que fan, mais cette fois-ci, la sauce prend... à un détail près.
En effet, ce ne sont pas les libertés que Gans a pris qui ont posé problème aux fans, ses trouvailles étant souvent d'un bel effet, et l'ensemble capturant bien l'ambiance mi cauchemardesque mi mélancolique de l'oeuvre originelle. Le vrai problème du film, c'est tout simplement qu'il ne fait pas peur, un comble pour une adaptation du jeu le plus terrifiant de sa génération, sa suite immédiate sur PS2 n'étant pas en reste sur le plan anxiogène.
Peut-on pour autant parler d'échec ? Silent Hill est une des plus belles adaptations de jeu vidéo qu'il m'ait été donné de voir, et un des meilleurs films de son réalisateur (les mauvaises langues (et les réalistes) diront que ce ne sont pas forcément des arguments de poids, mais bon...), et le manque de trouille est compensé par la poésie ambiante, l'onirisme tout droit tiré de la série de jeux, qui ne se contente pas de fiche les jetons. Gans réussit à capturer la fragilité de Silent Hill, sa dimension dramatique, et rien que pour ça, le film mérite d'exister.
C'est un beau film, et une bonne adaptation, et personnellement, ça me suffit.
toma_uberwenig
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le 11 nov. 2012

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toma Uberwenig

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