Révélation : Hill-son content, ne reste pas Silent
Silent Hill Revelation 3D porte en lui toutes les craintes de l’adaptation de jeu vidéo. De toutes façons, c’est bien simple, jamais une adaptation de jeu vidéo en film n’aura été une réussite. Et tous ces réalisateurs ont beau essayé, il y a fort à parier que jamais personne n’y parviendra.
Ce Silent Hill (avec lequel mon pseudo vous donnera surement quelques indices quant au culte que je peux lui vouer) ne fait pas exception. Pourtant, en dépit de toutes ses tares (nombreuses, elles lui collent aux basques telles des boulets de cent vingt tonnes accrochés à un oisillon), il présente un intérêt supérieur à ce que son titre racoleur et putassier pouvait augurer.
Pour penser ce Silent Hill (que j’aime écrire ces mots), il faut faire fi des jeux et de leur atmosphère. Il est clair dès les premières minutes du film qu’on sera assez loin du glauque et de l’isolement ressentis pendant les parties manette en main. En revanche, les personnages, les liens qui les unissent, aussi ténus soient-ils, sont conservés. La base du scénario de cet opus, c’est Silent Hill trois et si bien des ponts existent, les différences de fond sont nombreuses au point que les comparer n’aurait pas de sens.
D’ailleurs, si les jeux vidéo sont de gros budgets (les trois premiers en tous cas), ce film ne joue clairement pas dans la même cour. Beaucoup d’effets fleurent bon le manque de moyens, avec des distorsions qu’on croirait sorties d’un épisode de série des années quatre vingt, des flous dégueulasses, des plans rapprochés imbitables, etc.
Les lignes de dialogues sont du même acabit, mais ce n’est pas là l’essentiel.
Le film fonctionne comme un cahier des charges où, comme un pot pourri, on doit retrouver cette senteur et telle substance sans quoi ce n’est pas un vrai pot pourri. Dans Silent Hill Revelation, on visite donc la fameuse ville et son underverse maléfique par le menu. Depuis les infirmières sans visage jusqu’au débarras de poupées, en passant par Pyramid Head, Alessa, Sharon, Harry, Mason, et l’univers lui-même, glauquissime et dont l’aura insupportable se trouve dopée par les effets de surprise à répétitions souvent bien amenés, Silent Hill respire Silent Hill. On y est, on y croit. Les décors y sont pour beaucoup, troublants et vraiment bien inspirés du premier volet de la saga vidéoludique, le plus sale et malsain.
Certes, on est très loin des questionnements métaphysiques sordides des jeux originaux, et tout ici respire la plastique parfaite mais sans cervelle, comme ces bodybuilders sur les plages de Santa Monica qu’on regarde en salivant mais avec qui on ne voudrait surtout pas se retrouver pour un débat sur le non sens des religions. Néanmoins, l’enrobage est suffisamment bien foutu pour qu’on ait envie d’y mettre les pattes. On n’en ressort pas grandi. On n’est ni soufflé, ni transfiguré. On a jubilé un peu, frissonné pas mal, et le moment n’était pas si désagréable, et est passé plus vite qu'on n'osait l'espérer.