Silent Voice
7.4
Silent Voice

Long-métrage d'animation de Naoko Yamada (2016)

Voir le film

Soit ce film vous ravira et vous emportera dans un torrent d’émotions très émotionnantes, soit il vous écartèlera entre un fond qu’on ne saurait condamner et une forme si insistante qu’elle finit par rendre le message indigeste.


Pour rester en accord avec le graphisme plus que joli, le dessin tonique, les couleurs tantôt pastel tantôt vives et joyeuses, l’animation souple et fluide, commençons par être positifs : Nishimiya, aussi mignonne que délicate et gentille, fait l’objet d’un harcèlement de la part de plusieurs membres de sa classe, sous le prétexte qu’elle est sourde et presque totalement muette. Le scénario s’attache à suivre le parcours du pire de ses persécuteurs, Ishida, sans doute d’autant plus acharné qu’il est d’emblée secrètement attiré par cette adorable fillette. Malgré un certain schématisme, ce quatrième long-métrage d’animation de Naoko Yamada explore avec sensibilité les ravages du harcèlement subi et les ambiguïtés dévoilées par ce même harcèlement chez le persécuteur.


Mais l’orientation prise par le scénario fait retrouver des sensations d’enfance que l’on a pu éprouver à la lecture des récits de la Comtesse de Ségur. Sur le modèle du livre « Les Malheurs de Sophie », où une fillette se retrouve toujours bien punie de ses désobéissances et finit par s’amender, le mauvais garçon se retrouve lui-même ostracisé du fait de ses méchantes actions puis, grandi, entamera tout un cheminement, à la fois intérieur et actif, pour aller à la rencontre de sa victime préférée. Dans cette partie, le film traîne en longueur, vire au mélo, et l’on peut s’agacer de la lenteur du héros à prendre conscience de l’amour qui l’habite, alors que tous les signaux ont rendu flagrant ce sentiment depuis longtemps. Le dessin surligne les tourments du couple phare à grands renforts de zooms sur les jolis yeux de Nishimiya vibrants de larmes et la musique symphonique de Kensuke Ushio ne nous épargne aucune lourdeur.


Quand on pense à la délicatesse avec laquelle, en 2007, le premier film d’Ann-Kristin Reyels, « Des Chiens dans la neige », traitait de l’amitié amoureuse circulant entre un jeune garçon et une jeune fille sourde, on ne peut que regretter le caractère si maladroitement appuyé du message délivré par cette nouvelle production de l’animation japonaise.

AnneSchneider
5
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Films dans lesquels l'eau joue le rôle d'un protagoniste

Créée

le 8 août 2018

Critique lue 5.5K fois

61 j'aime

17 commentaires

Anne Schneider

Écrit par

Critique lue 5.5K fois

61
17

D'autres avis sur Silent Voice

Silent Voice
AnneSchneider
5

La Comtesse de Ségur chez les Nippons

Soit ce film vous ravira et vous emportera dans un torrent d’émotions très émotionnantes, soit il vous écartèlera entre un fond qu’on ne saurait condamner et une forme si insistante qu’elle finit par...

le 8 août 2018

61 j'aime

17

Silent Voice
Amoureux_du_monde_
10

Vous laissera sans voix.

Cela fait des mois que je subis une malédiction : à chaque fois que je suis confronté à une œuvre, elle est soit moyenne, soit mauvaise. Alors, quand j'ai entendu dire que A Silent Voice était...

le 25 oct. 2017

30 j'aime

Silent Voice
Docteur_Jivago
9

The Sound of Silence

Premier long-métrage de la jeune Naoko Yamada, Silent Voice, adaptation du manga de Yoshitoki Oima, nous entraîne avec justesse, charme et dureté dans un univers adolescent où la violence et le...

le 2 sept. 2018

22 j'aime

6

Du même critique

Petit Paysan
AnneSchneider
10

Un homme, ses bêtes et le mal

Le rêve inaugural dit tout, présentant le dormeur, Pierre (Swan Arlaud), s'éveillant dans le même espace, mi-étable, mi-chambre, que ses vaches, puis peinant à se frayer un passage entre leurs flancs...

le 17 août 2017

80 j'aime

33

Les Éblouis
AnneSchneider
8

La jeune fille et la secte

Sarah Suco est folle ! C’est du moins ce que l’on pourrait croire lorsque l’on voit la jeune femme débouler dans la salle, à la fin de la projection de son premier long-métrage, les lumières encore...

le 14 nov. 2019

74 j'aime

21

Ceux qui travaillent
AnneSchneider
8

Le travail, « aliénation » ou accomplissement ?

Marx a du moins gagné sur un point : toutes les foules, qu’elles se considèrent ou non comme marxistes, s’entendent à regarder le travail comme une « aliénation ». Les nazis ont achevé de favoriser...

le 26 août 2019

71 j'aime

3