Premier long-métrage de la jeune Naoko Yamada, Silent Voice, adaptation du manga de Yoshitoki Oima, nous entraîne avec justesse, charme et dureté dans un univers adolescent où la violence et le harcèlement côtoient l'intégration et l'évolution, voire l'amitié ou l'amour.
Silent Voice surprend par sa maîtrise et le savoir-faire, alors que ce n'est qu'une première réalisation pour le cinéma et tant on y trouve un panel de diverses sensations et d'un regard sans concession, mais aussi doux et juste sur l'adolescence. Sans nous prendre par la main, elle nous entraîne dans cette aventure humaine et attachante, où l'on découvre peu à peu deux personnages forts, dont elle dresse des portraits poussés et justes, tout en créant une vraie alchimie dans leur relation, tant dans la violence que le rapprochement.
Clairement coupée en deux parties, l'oeuvre montre d'abord l'humiliation, sans concession, avec un regard cruel sur ce qu'est le harcèlement et la difficulté de ceux qui le vivent, avant d'étudier le temps des regrets et surtout de la rédemption puis de l'amitié. Avec justesse, elle évoque de nombreuses thématiques, toutes bien traitées qu'importe si elles ont une grande place ou non, à commencer par le suicide, le regard des autres, la culpabilité, le poids du passé et de la jeunesse ou encore la douleur morale. Il n'est pas difficile de s'identifier à certains enjeux ou personnages, où d'ailleurs même les secondaires parviennent à exister (à l'image de Nagatsuka, apportant une réelle touche d'humour non négligeable), et on se laisse entraîner par une atmosphère oscillant entre plusieurs tons (dur, mélancolique, éprouvant ou encore intrigant) mais toujours prenante.
En plus de démontrer un savoir-faire par rapport à la mise en place, le rythme ou encore le montage, Naoko Yamada propose bien des idées de mise en scène intéressante, à commencer par sa façon de capter les sensations des protagonistes, s'attachant bien plus aux regards ou visages qu'aux paroles. Elle parvient à créer une poésie, jouant avec les couleurs, notamment lorsqu'elle évoque les souvenirs ou rêves des personnages, mais aussi avec divers éléments comme la bonne bande-originale. On notera aussi le très bon boulot du studio Kyoto Animation, avec de jolis dessins, une animation fluide et une richesse dans les décors et arrière plan, avec une alchimie entre le fond et la forme.
En signant Silent Voice, Naoko Yamada évite la facilité et propose un portrait sans concession sur le harcèlement et tout simplement les relations humaines et les possibles évolutions. Elle propose un éventail d'émotion et des tableaux justes et violents, avec une parfaite alchimie entre le fond et la forme.