Ne vous fiez pas à la bande annonce, elle n'est appas représentative de ce que j'ai vécu lors de ces 2h en salle obscure.
Faire son entrée sur du rock 80's a fais démarrer ce long métrage d'animation japonaise sur une bonne note, et c'est en sortant de la salle qu'il s'est faufilé sur le podium de mes films d'animation préférés derrière Your Name. Bien sûr toute la poésie lyrique et visuelle des plans "made in anime" frôlent la noyade dans le too much, mais pourtant je me suis tranquillement laissée portée avec Ishida et Nishimiya dans cette histoire virevoltante. On y revoit la situation bien connue du jeune garçon (Ishida) qui n'arrive pas à s'exprimer autrement que par la violence et les réactions extrêmes, qui a des sentiments que lui même ne comprend pas, et la petite nouvelle de l'école (Nishimiya), une sainte enfant qui ne cherche qu'a s'intégrer malgré son handicap de surdité, armée de son cahier de discussion. Harcèlement scolaire, incompréhension littérale entre ces deux êtres fracturés, l'environnement de la classe n'aide pas à limiter la casse mentale qui se brise 5 ans après.
La surdité de Nishimiya est assez bien apporteé au film, ni trop ni pas assez, on reste dans un équilibre harmonieux entre elle et ses amis qui tentent de communiquer avec elle, ou elle avec eux dans un parlé assez approximatif mais néanmoins adorable. Le langage des signes apporte une touche visuelle qui prend tout son sens en film, et encore plus lorsque
Ishida tente de parler la langue des signes
La problématique du handicap dans des relations sociales est à mon sens très bien intégrée, et surtout amène sur le champ visuel des handicaps physiques comme psychologiques a savoir la surdité
et le manque de confiance en l'autre pour Ishida par l'énorme croix violette sur les inconnus, ou la confiance en soi pour les autres amies
dans les films japonais à l'international.
Alors voilà, ce film je m'y dirigeais en attendant une caresse sur la joue, mais il me l'a joué fine en m'envoyant valsé avec une claque de plein fouet. Comment un harceleur peut demander pardon ? Comment être victime de harcèlement ou de solitude peut rimer avec un handicap physique ? Comment avancer avec des regrets et se délier de toute une pression accumulée et enfouie durant plusieurs années?
J'ai réellement pris du plaisir a dévorer ce film aussi tendrement déchirant soit-il. La parallèle avec l'eau, ou la goutte d'eau qui retentit sur la flaque est assez bien choisie, la vie est-elle un long fleuve tranquille ? Non, se jeter à l'eau ne suffit pas quand c'est un choix insouciant et surtout implique des conséquences. Là ou Ishida aurait pu se révéler être une enflure de première, on apprend à connaitre ce personnage plus en profondeur, celui qui a du grandir comme le premier lanceur de railleries et de moqueries, soutenu par ses camarades. Ce n'est pas une histoire d'amour, c'est une histoire d'amitié et de relations humaines ou tout le monde essaie d'avancer avec soi même, en emportant dans le courant les autres membres environnants.
Toute la légèreté de ce film réside dans cette petite fille -ou jeune adolescente- à se créer un chemin dans ce monde bruyant, sans rancune et le coeur ouvert, à la gestion des dessins aussi délicats soit-ils, à ces couleurs douces, à mis chemin entre fiction fantaisiste et réalisme.
J'ai adoré Your Name, et j'ai adoré Silent Voice.