C'est l'histoire d'une actrice quadragénaire qui rejoue la pièce qui l'a rendu célèbre autrefois. Mais contrairement à il y a 20 ans, c'est le rôle de la proie qu'elle interprète et non plus celui du chasseur, dévolu à une jeune actrice montante. C'est à Sils Maria dans les Alpes suisses qu'elle répète son texte avec son assistante. Le tout sur fond de Tyrol et d'Haendel.
Que l'histoire se tienne à Sils Maria n'a rien à voir avec le hasard. Y séjournèrent en effet et Nietzsche le combattant du néant et Mann le Décadent et Proust, à la recherche du temps perdu. Précisément ce que fait Maria dans le film au côté de Valentine son assistante. Tous ces thèmes sont brassés dans un immense fourre-tout de haute volée. Mais au-delà de la réflexion primaire et évidente sur le temps qui passe et le fossé générationnel, c'est un portrait très sombre sur le cinéma qui est peint. La futilité de la profession, faite de potins, de jalousie, de vacuité et de batailles d'égo forme le cœur du film au sein duquel les trois héroïnes du film se lancent successivement la balle. Films en 3D, films de super-héros, films de science-fiction, c'est tout ce qu'il reste. Amen. C'était Babylone, c'est désormais l'empire romain et ottoman ensemble. La question de la paternité d'une œuvre est également posée. Varie-t'elle en fonction de la subjectivité qu'amène avec lui le lecteur/spectateur? Ou doit-elle être fidèle à la vision de l'auteur au moment même de son écriture? A la fin du film c'est finalement Stewart, l'assistante, qui semble avoir la réponse : disparaître n'est pas mourir et va chier.