Bunga Bunga by Paolo Sorrentino

Un film de Sorrentino avec son acteur fétiche Toni Servillo est toujours un événement en soit. Ils ont développé au fur et à mesure une complicité cinématographique totale, et après Andreotti ils ne pouvaient que faire Berlusconi (les deux figures de la politique italienne des années 60 à nos jours). On retrouve tout l'univers particulier de Sorrentino, à la fois "onirique" et trash. Sorrentino, est pour le coup un vrai auteur avec des choix qui lui sont propres. Le film alterne les scènes d'orgies et les confrontations de Berlusconi face à sa femme et quelques autres politiques, c'est le Berlusconi vieillissant avec maquillage, teinture, ils ont juste éviter la chirurgie esthétique du vrai....il y a un défilé constant de Bimbos plus vénales les unes que les autres. C'est très "sexe" quand même.., mais un sexe triste sous coke. Les fameux Bunga Bunga (Berlu entouré d'une trentaine de Bimbos) sont pathétiques, tristes, dégradant, Berlu passe pour un vieil érotomane persuadé de son pouvoir de séduction. Il n'y a que sa femme qui peut le renvoyer à sa déchéance et son ridicule. Cependant et comme Moretti, ils n'arrivent pas ou ils ne veulent pas en faire un monstre, car il est fondamentalement "sympathique", et c'est un vendeur né. Le film dure 2h30, c'est long et on en voudrait encore..Artistiquement et comme toujours le film est très beau, il sait filmer et cadrer. Sorrentino devient l'un des meilleurs réalisateurs en exercice, justifiant la politique de l'auteur, cher à la nouvelle vague et c'est un film tellement européen anti-thèse d'Hollywood et même du cinéma indépendant US. Cerise sur le gâteau, il y aura une suite.