Dans les années 90, une petite mode est née, celle des basketteurs acteurs. C’est ainsi qu’on a pu voir Michael Jordan à l’affiche de Space Jam (1996), Shaquille O’Neal s’est illustré dans Kazaam (1996) ou Justicier d’Acier (1997), Ray Allen a été vu dans He Got Game (2000), Darius Miles dans The Perfect Score, ou encore Dennis Rodman a été faire de la castagne aux côtés de Jean-Claude Van Damme sous la direction de Tsui Hark dans Double Team (1997). Mais ce n’est pas le seul méfait de ce dernier puisqu’il est également apparu dans une autre bobine bien plus improbable, bien plus folle, bien plus ouatezefeuquesque. Je veux parler de Simon Sez : Sauvetage explosif, coproduction americano-germano-belge pas piquée des hannetons ; une comédie d’action qui en l’espace de quelques secondes se classe immédiatement dans le top of the pop en matière de nanar intersidéral. Ce genre de film où tellement rien ne va qu’il pourrait être étudié dans les écoles de cinéma afin de montrer tout ce qu’il ne faut pas faire. Bref, c’était génial.


Lorsqu’on regarde Simon Sez, on se demande à plusieurs reprises si la gigantesque connerie du film n’était pas voulue. Puis lorsqu’on y regarde de plus près, il est fort probable que, non, tout ceci a été fait avec le plus grand des sérieux dans le but de réaliser une sorte de buddy movie fun. Ils ont fait appel à Remy Julienne pour les cascades à voiture et à moto ; pour chorégraphier les combats, ainsi que pour un petit rôle, ils ont pris l’acteur chorégraphe de Hong Kong Hung Yan-Yan (le méchant de The Blade de Tsui Hark) ; ils se sont mis à trois pour élaborer un scénario ; et ils ont essayé de mélanger comédie et action avec un gros rythme afin que le spectateur en ait pour son argent. Et c’est vrai qu’on s’amuse en regardant Simon Sez. Mais on ne s’amuse clairement pas pour les bonnes raisons parce que strictement rien ne va dans ce film. Rien de rien (non, je ne regrette rien) ! Déjà, la première chose qui saute aux yeux, c’est qu’est-ce que c’est que ce casting et ces personnages improbables !?! On a un Dennis Rodman et son look improbable venu toucher son cachet en essayant d’en faire le strict minimum. Pas bon acteur au départ, il est en plus ici en dilettante. A ses côtés, un des acteurs les plus cabotins qu’il m’ait été donné de voir. Et pourtant, des sombres merdes avec des acteurs de deuxième voire troisième zone qui en font des tonnes, j’en ai vu un paquet. Mais là, Dane Cook est en roue libre totale, nous gratifiant de l’imitation de vélociraptor la plus gênante jamais vue sur un écran, mais aussi le chien et autres animaux divers et variés, en plus de passer son temps à déblatérer des conneries qui ne semblent faire rire que lui. Citons également le duo de religieux hackers karatekas, interprétés par les bien lourdingues Ricky Harris et le regretté John Pinette, qui sortent des blagues pourries du début à la fin. Natalia Gigliuti (la série Sauvé par le Gong) est transparente là où la grande blonde Emma Wiklund (la saga Taxi) cherche à trop en montrer, croyant peut-être que c’était le film de sa vie. Jérôme Pradon (Vatel, The Dancer) est ridicule en grand méchant qui lui aussi sort des blagues pourries du genre : « C’est quoi une abeille ? C’est une mouche avec un dard dans le cul » (oui oui…). Et puis il y a une des attractions du film, Filip Nikolic, accessoirement chanteur du boys band made in France à succès 2B3 qui est venu balancer deux ou trois tatanes avant de se réfugier à la télévision dans la série Navarro. Et vous savez quoi ? Contre toute attente, c’est lui qui est le plus crédible dans toute cette histoire ! Bon, son rôle ne sert à rien, mais il se donne à fond.


Et encore, le casting, c’est ce qu’il y a de meilleur dans le film. Si si, je vous jure. Le scénario est d’une crétinerie innommable qui n’a aucun sens, surtout lorsqu’on pense qu’ils se sont mis à trois pour le pondre, accumulant tous les clichés possibles et imaginables (et bien plus encore). En termes de mise en scène, on frôle parfois le génie. Bon, pas dans le bon sens du terme, vous vous en doutez. Mais il n’y a pas une seule scène sans qu’il y ait un truc improbable ou foireux. Les scènes d’action sont complètement WTF, avec des idées sorties du fin fond d’un cerveau malade. On a une moto en CGI immondes qui fait un tour complet dans un tunnel (façon skateur) ; une Citroën DS qui fait du deux roues sur deux kilomètres avant de faire du parachutisme sur un fond vert dégueulasse (en 1964, Fantômas faisait mieux !) ; un Dennis Rodman, qui glisse le long d’une gouttière, mal incrusté dans le faux décor (merci le stagiaire !), une explosion finale qui nous fait dire que les mecs des CGIs ont dû partir bosser chez The Asylum après ça. Mais si ce n’était que ça… C’est bien joli de faire appel à Hung Yan-Yan pour les chorégraphies, mais il aurait peut-être fallu faire appel à un monteur qui aurait rendu hommage aux combats. En l’état, on n’y comprend rien avec un montage donnant la part belle aux faux raccords et des doubleurs aux perruques mal ajustées. Mais on pourrait également parler de la scène de cul déconseillée aux épileptiques, des sbires fans de Kiss et Orange Mécanique, des moustaches mal collées, de Rodman qui joue à la pétanque comme s’il jouait au bowling, d’une scène de sables mouvants qui n’a rien à foutre là, des bergers français en béret qui paient avec des pièces d’or, du troupeau de moutons qui semble se téléporter (gloire à toi le monteur), du programme de piratage informatique le plus ridicule du monde, d’explosion de maquette, … Oui, je pourrais vous en parler. Les fous rires nerveux sont légion devant une telle abomination. Et quand il y en a pour les yeux, il y en a pour les oreilles. Oui, quelle VF ! Non, vraiment, ce film, c’est du grand art. Et dire que Kevin Alyn Elders, scénariste de Aigle de Fer 1 2 et 3, a dû se dire qu’il allait enfin avoir sa chance à Hollywood et toucher les étoiles avec un film d’action plein de « vedettes ». Raté… Mais bien raté même. Tu peux malgré tout te réjouir mec de faire le bonheur des amateurs de mauvais films sympathique avec ton Simon Sez qu’on ne sauvera pas de la catastrophe au-delà de l’explosif.


Avec son casting improbable et son ratage sur toute la ligne, Simon Sez est un indispensable pour tout amateur de nanar qui se respecte. Un film tellement mauvais qu’il en devient fascinant.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

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le 14 sept. 2021

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