Le film est farouchement et profondément féministe mais quoi de plus normal pour un métrage dédié à une femme extraordinaire qui a permis que l’un des droits les plus élémentaires pour elles, même si pas compris par tous, soit constitutionnalisé.
Simone - le voyage du siècle se focalise sur deux sujets primordiaux : la révélation de la Shoah au grand public et le vote du droit à l’IVG. Alors que le premier rime avec omission, silence aussi tonitruant qu’il était ahurissant, silence des autorités et silence astreint des rescapés. Le deuxième, lui, se compose d’un surplus de prolixité avec les interventions à l’Assemblée mêlées de machisme, de misogynie et de comparaisons scabreuses avec l’abomination nazie. Ses luttes - que je qualifierais de secondaires au vu de ce qu’Olivier Dahan en montre pendant ces cent quarante minutes bien remplies - comme le sida, l’amélioration des conditions des prisonniers, l’Algérie ou bien l’Europe (seul thème sur lequel elle n’a pas été visionnaire même si on comprend le projet d’origine qui était la nécessité de fraternité entre les peuples), d’aucuns considèreront le film comme un fourre-tout, je vois plutôt cela comme le choix de l’exhaustivité. Parmi les moments d’une rare poésie figurent :
- celui d’un travelling retraçant le trajet en train emprunt de visions de bombardements et de paysages enneigés avec Simone relatant les derniers instants du conflit, le soulagement, la libération au propre comme au figuré.
- Une confrontation temporelle entre deux Simone s’entrecroisant . L’une, enfant, fraîchement sorti du camp, apte à affronter les épreuves de la vie ; l’autre retournant sur les lieux de l’ignominie.
Même les scènes accessoires sont géniales à l’image du débat sur la musique classique qui donne envie de mieux s’y connaître. Quant à Elsa Zylberstein, elle s’éclipse totalement pour laisser émerger Simone Veil.