Simone Veil est une icône du siècle dernier, un symbole infrangible de l'humanisme par ses combats pour la dignité, elle qui a connu l'inhumanité la plus monstrueuse avec le camp d'Auschwitz et les disparitions de nombreux membres de sa famille. Initié par Elsa Zylberstein, qui l'a connue, le projet de raconter sa vie est devenu un film réalisé par Olivier Dahan (La Môme, Grace de Monaco), ce qui n'incitait pas nécessairement à une grande confiance. Plutôt que de biopic, le réalisateur préfère parler de portrait d'une femme remarquable dans son époque. Inutile de jouer sur les mots, Simone, le voyage du siècle est bien un exercice qui tend à l'exhaustivité, ce qui est rigoureusement impossible en 2 heures 20, dans une sorte d'hagiographie sans retouches qui noie son côté hélas édifiant, en jonglant sans cesse d'une époque à une autre, sans que cela ne réponde à une véritable justification. Ainsi, la loi Veil est inexplicablement expédiée en quelques minutes, au fil de scènes rapides et bien peu inspirées. Ses luttes en tant que magistrate, sa carrière politique, son action européenne se trouvent mélangées à sa vie de famille et aux tragédies qu'elle a subies, le tout dans des reconstitutions qui sonnent rarement justes. Les parties consacrées aux camps de concentration, la plupart du temps insoutenables, montrent que leur représentation est décidément quelque chose de quasi impossible au cinéma et l'insistance du film sur l'horreur frise l'obscénité. Que dire des actrices qui incarnent Simone Veil, à différents moments de son existence ? Elsa Zylberstein et Rebecca Marder sont à la hauteur, c'est indéniable. En revanche, le défilé d'acteurs connus dans les rôles secondaires se révèle vite agaçant, comme s'il fallait absolument montrer la richesse du casting. En fin de compte, un documentaire avec une chronologie respectée resterait la meilleure façon de rendre hommage et de comprendre le cheminement de cette grande dame du XXe siècle.