"Sin City" avait été une excellente surprise visuelle, inventive et percutante en 2005, le trio Rodriguez-Tarantino-Miller faisait des merveilles ... Neuf longues années plus tard ce petit monde (excepté Quentin qui lui a préféré se concentrer sur ses propres projets, grâce lui en soit rendue) se décide enfin à adapter cette suite-préquelle du Comics, Frank s'investit en vrai professionnel et artiste qu'il est, par contre Robert donne lui l'impression d'être dans un autre délire, il faut aussi dire qu'entre les deux films notre ami s'est quelque peu perdu dans certaines bâtarderies et parait désormais plus axé sur le private joke que concentré sur une quelconque réelle créativité.
"Sin City : A Dame to Kill For" avait donc besoin d'un renouvellement en gardant les bases qui avaient fonctionnées dans le premier volet, je ne cacherais pas que les bandes annonces ne m'avais pas emballé, je m'attendais à la (grosse) déception.
Pourtant le début du film m'a vraiment plu et à ce moment là j'ai commencé à avoir une lueur d'espoir, l'histoire est introduite par le charismatique Mickey Rourke qui retrouve le rôle de l'inusable Marv toujours en proie à la pourriture de cette ville crapuleuse, une entrée en matière efficace suivie du générique BD encore une fois sublime. La partie avec Gordon-Levitt et son duel face à Roark m'a également convaincu, la tension de la partie de poker est intéressante et à côté de cela on assimile aisément les enjeux du personnage de Nancy toujours en deuil de Hartigan, franchement je dois bien avouer que les premières vingt minutes m'ont à ce moment là fait changer d'avis quant à mes craintes, mais cela va assez vite tourner court ...
La deuxième partie avec Josh Brolin et Eva Green m'a refroidi très clairement, outre leurs bonnes prestations (j'en profite vraiment pour dire que l'ensemble du casting est absolument sans reproche, ils font le boulot) Rodriguez va déjà commencer à s'emmêler les pinceaux et perdre en fluidité, la mise en scène traîne la patte à partir de la séquence du bar, on dirait qu'il fait tout pour saboter ses acteurs, de plus les dialogues sont fadasses, si il n'y avait pas cet esthétisme si magnifique je me demande ce que ça pourrait bien donner ...
Et puis après c'est le show exhibitionniste de Eva Green, elle a beau être gaulée comme une diablesse à un moment j'ai eu envie qu'elle se rhabille tellement je me sentais mal à l'aise pour elle, car autant c'est seulement suggéré en premier lieu et c'est joli qu'ensuite on déballe la viande en plan serré et là c'est juste vulgaire et beauf.
Et pourquoi toujours revenir dans ce foutu bar ? rolala j'ai réussi à en avoir marre aussi de voir Alba se dandiner avec sa teille de Vodka, on dirait qu'elle passe les trois quarts de son temps sur son estrade a enchaîner les costumes, elle est déjà entraînée pour Danse avec les Stars elle au moins.
On a réellement un sentiment de redondance dans l'espace et également dans l'intrigue, Rodriguez choisi la facilité et continu de nous saouler avec des séquences inintéressantes et/ou convenues, ça bastonne, ça trahis, ça saigne, et puis les nanas de la Vieille Ville ne servent à rien du tout, ça traîne ça traîne ... Ce segment m'a semblé interminable.
Pour la troisième et dernière partie on rejoint à nouveau Gordon-Levitt et on enchaîne les cameos pour faire plaiz à tout le monde, on avait déjà eu Ray Liotta voilà Christopher Lloyd, Lady Gaga, Alexa Vega ainsi que Rodriguez et Miller themselves, pourquoi faire ? Je me demande. En plus l'addition dérange en quelque sorte l'immersion au récit puisqu'on est plus amusé de les voir qu'autre chose, même si j'entends bien que leurs rôles sont extrêmement mineurs, enfin on est pas à un fantôme près ... Et en parlant de fantôme (de vrai) j'ai trouvé que celui de Hartigan était pour le coup bien géré tout le long du film, surtout à la fin lors du cirque absolu dont je préfère ne pas revenir tellement il y a de (mauvaises) choses à dire.
En gros si il fallait synthétiser, ce long métrage ressemblerait à une courbe descendante avec quelques légères pointes par ci par là, en réussissant d'abord par me convaincre il finira par m'ennuyer en foutant tout un univers en l'air à force de constater le manque total de maîtrise de l'ami Robert, le film ne fait "que" 1h43 mais m'a semblé faire plus de 2h, le premier volet était plus long mais lui réussissait là où celui ci échoue, c'est à dire tout simplement captiver.
"Sin City : A Dame to Kill For" est donc un film loupé, sans renouvellement, sans surprise, sans folie et même sans fun, je ne retiendrai qu'un chapitre réussi, un casting globalement au niveau et un univers graphique superbe (bien que parfois un peu dans l'exagération inutile tout de même), un gâchis quoi.