Les productions de la Cannon, alors sous la direction de Yoram Globus et Menahem Golan, étaient connues pour leur pauvre qualité. Et ce n'est pas "Sinbad of the Seven Seas" qui a relevé le niveau...
Il y a clairement de l'ambition dans ce film d'aventures, mettant en scène le célèbre marin, tout en reprenant des éléments narratifs du classique "The Thief of Bagdad". Sauf que ni les moyens, ni le talent ne suivent. Les nombreuses péripéties sont meublées par des effets visuels d'un autre âge, des décors en toc, et des costumes carton-pâte. La BO semble avoir été composée au midi par un stagiaire. Et les acteurs sont en roue libre.
D'un côté, Lou Ferrigno, incapable de jouer la comédie. Oubliez le Sinbad rusé. Ici, le marin se contente bien souvent devant le danger de foncer en beuglant, et de taper dans le tas. De l'autre, John Steiner, dans un numéro de cabotinage démentiel. Ses expressions sinistres à outrance, ses vêtement noirs, et ses ongles crochus permettront bien de faire comprendre à ceux qui en doutaient que oui, lui c'est le méchant.
Par ailleurs, l'aspect nanar est rendu d'autant plus savoureux pas la gestation douloureuse du film. "Sinbad" avait à l'origine été tourné par Enzo G. Castellari comme une série. Peu satisfait du résultat, les barons de la Cannon décidèrent d'annuler le projet... pour le transformer en film par la suite. Luigi Cozzi, scénariste initial, fut appelé à la rescousse pour les retournages et livrer un film d'1h30.
Laissant des trous béants dans le montage. On sent qu'ils ont tenté de limiter la casse avec une voix off bien lourde faisant les liens qui manque. Celle de la maman qui lit une histoire à sa fille, procédé maladroitement pompé de "The Princess Bride", sorti 2 ans plus tôt.
Mais cette stratégie s'avère plus ridicule qu'autre chose. Ellipses et facilités de malade. Dialogues au mieux bébêtes, au pire sans queue ni tête. Récit peu cohérent. Et surtout, des fossés particulièrement ironiques entre ce que raconte la voix et ce qui est montré à l'écran. Par exemple, "déchaîner les éléments naturels", ça veut dire avoir grand soleil sans vent, et une voile vaguement secoué à la main (!).
Un beau nanar marin !