--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au huitième épisode de la septième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/les_petites_sirenes/3094904?page=1
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
La température ne cesse de descendre, tandis que notre bateau continue sa route vers le nord. Je passe le plus clair de mon temps sous ma forme canine, jouissant de mon épais pelage que le froid ne parvient pas à traverser. Nous avons vite cessé d'essayer de faire perdurer le secret sur nos identités, et misons sur les talents des sorcières pour que ce qui se passe entre les planches de ce navire y reste à jamais. Sirius m'a rejoint aujourd'hui à la proue alors que j'y appréciais les quelques gouttes d'écume qui volaient jusqu'à ma truffe. J'ai été heureuse de constater qu'il continuait de progresser, et qu'il pouvait désormais réaliser une transformation complète, même en plein jour. Nos quelques vampires s'occupent désormais presque seuls de la navigation de nuit. Il faut dire que leur force démesurée et leurs capacités de vol et d'escalade sont particulièrement appréciés de notre navire. L'une des nouvelles membres de l'équipage a demandé à changer d'équipe pour passer de nuit, chose assez surprenante pour être remarquée, car les vampires n'inspirent pas la sympathie de beaucoup d'humains. Vu les regards qu'elles échangent avec mon amie vampire, je soupçonne une romance naissante, et je garde un œil ouvert pour m'assurer que la situation ne dégénère pas. Mais pour l'instant, tout cela est plus attendrissant qu'autre chose. Tout va bien et l'air marin me procure une sérénité que je n'avais plus atteinte depuis bien longtemps.
Chose surprenante, je prends conscience que c'était ce soir que j'invitais pour la première fois les studio Dreamworks au mois-monstre. Pourtant il ne manque pas de candidats et surtout, ses productions hétéroclites m'évoquent assez facilement la joyeuse et bordélique famille bizarre que constituent notre communauté. Alors l'année prochaine, c'est aliens, trolls ou kraken, mais je m'arrange pour corriger cette absence ! Surtout que le film de ce soir m'a fait le privilège d'être un parfait film Dreamworks, avec ses aberrants ratages et ses époustouflantes pépites, comme si le cerveau d'un génie avait explosé sur une planche de story-board, et qu'on en avait extrait tant bien que mal un film, entre chair morte et intelligence cristallisée. Donc, d'un coté, une animation 3D dégueulasse de la mer et des créatures marines, une immondice dont j'ai peine à croire qu'elle ai pu sembler satisfaisante à aucun moment, même en cette drôle d'année qu'était 2003 ; de l'autre on a tout simplement la meilleure scène de sirène du mois, dans laquelle la toute première femme de mois à ne pas être un pot de fleur prend le contrôle sur un équipage masculin drolatiquement envoûté, accompagnée d'un chien mignon qui embarque avec lui une caméra en mouvement savamment chorégraphiée, le tout sur une bande son ingénieusement imbriquée au chant des sirènes, divines créations (en 2D, du coup) d'êtres humanoïdes aux contours indistincts et tissées d'eau, sorte quasiment de personnification des vagues. Du reste je n'aime pas beaucoup débattre de ces films que j'aime tendrement, savante harmonie entre des scènes d'action rocambolesques, aux mouvements de caméra généreux, des personnages stéréotypés avec bienveillance, de l'humour habile (j'ai toujours beaucoup d'affection pour les blagues à destination des adultes dans ces films, et Sinbad en est truffé), une histoire d'amour un peu fleur bleu mais qui met toujours un peu de baume au cœur. Puisque nous avons la vraie par dessus bord, je choisis d'oublier la mer laide de Sinbad, et d'en garder le souvenir d'une aventure douce, héroïque et efficacement intelligente, présage peut-être de ce qui nous reste à vivre à bord.