Sing Me a Song (2020) est la suite du précédent documentaire de Thomas Balmès : Happiness (2013), qui évoquait déjà l’impact des nouvelles technologies au Bhoutan (jusqu’en 1998, la télévision et internet étaient purement et simplement interdit dans tout le pays).
Le réalisateur retrouve d’ailleurs l’un des protagonistes (le jeune Peyangki), qui sera le fil conducteur de son nouveau film (les toutes premières images du film sont tirées de son précédent film, mais il n’est pas nécessaire de l’avoir vu pour comprendre ou apprécier le nouveau).
On retrouve donc Peyangki 10 ans après l’arrivée de l’électricité dans son petit village perché à 4 000 mètres d’altitude. Bien évidemment, l’arrivée de « La Fée Électricité » ne se fera pas sans conséquence dramatique pour la population environnante. Si elle apporte un confort de vie indéniable, elle aura aussi apporté son lot de désillusion (il n’y a qu’à voir comment se comportent les jeunes moines bhoutanais avec leurs smartphones). L’image la plus saisissante du film, reste celle de la prière collective des jeunes, tous en train de réciter leurs prière face à leur écran de téléphone ou tout en jouant à des jeux vidéo. Des images qui font réellement froid dans le dos et font réfléchir sur ce que le monde est en train de devenir. Autre moment symbolique, celui où tous les jeunes moines se retrouvent le soir venu pour regarder un match de foot devant la télévision, on est clairement loin de l’image d’Epinal du moine bouddhiste, vivant dans la spiritualité, la sobriété et la réflexion permanente.
Une immersion ethnographique qui lève le voile sur ce qui était l’un des rares pays à ne pas encore avoir succombé à la télévision et à l’internet. Un chamboulement ravageur pour toute une population (addiction aux smartphones, aux jeux vidéo, aux matchs, aux films pornographiques, …), dans un pays qui étaient coupé du monde, voire de tels changements en si peu de temps, laisse à réfléchir et a de quoi inquiéter…
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