Depuis tant d'années, on connait bien la manière d'Oliveira (101 ans ! Un record !) : extrême minutie du cadre et précision du langage, forcément littéraire et "juste", épure de la mise en scène, etc. On retrouve tout cela dans le court "Singularités d'une Jeune Fille Blonde", hormis la durée parfois éprouvante de plans qui laissent d'habitude le temps aux sensations et aux sentiments d'advenir, puisque le film est ici (relativement) rapide, comme réduit à l'essentiel d'un récit tranchant (même si fonctionnant à plusieurs niveaux, et s'autorisant une belle diversion musicale et poétique, et un hommage sec à l'auteur portugais ici adapté). Et c'est là que le bât blesse sans doute, puisque jamais l'intelligence vaguement ironique du film ne débouche sur le moindre trouble (c'est vrai qu'on est sans doute influencés dans notre attente par le thème hitchcocko-buñuelien du film) et qu'au final, on reste complètement froid !
[Critique écrite en 2009]