Faire une bonne comédie romantique: c'est compliqué
Pour cette critique, j'aimerais rebondir directement sur une remarque spontanée mais néanmoins cordiale venant de la fille qui m'accompagnait pour visionner ce premier long métrage d'Emmanuel Payet lors d'une scène (parmi de nombreuses) où le visage de notre réalisateur apparaissait en gros plan: "il ressemble à un singe". Eh bien en effet, mis à part le physique assimilable à celui d'un primate (rien de raciste là-dedans, il en va de soi), notre apprenti réalisateur a commencé à faire le singe sur Comédie ! avec des sketchs plus ou moins douteux et plus ou moins drôles. Les années passent et notre Manu apparait à l'écran grâce à Lisa Azuelos dans Comme t'y es belle ! (2006) réalisatrice récemment en pleine controverse à cause de son dangereux court métrage: 14 millions de cris. 8 ans plus tard, il passe derrière la caméra mais en profite pour rester omniprésent devant cette dernière.
Payet sort le grand jeu pour marquer l'esprit du cinéma français pour que celui-ci lui laisse une place: Emmanuelle Chriqui tout droit sorti des studios d'Hollywood et plus aimée pour son physique que pour ses talents de comédienne. Donc, on se doute bien vu le cachet qu'elle a du toucher pour ce film que l'intrigue va venir de la jolie canadienne. BINGO ! Sur le plan scénaristique, rien d'exceptionnel: beau petit couple de bobos parisiens, la fille avec un père mythomane et maniaco-dépressif (Philippe Duquesne, vraiment drôle) et le mec avec sa bande de potes trentenaires avec DJ, nymphomane, et vieux potes d'enfance qu'on a oublié avec le temps (évidement). Tous mènent une vie paisible et soudain apparait la belle avec son corps de rêve et sa gueule d'ange. ET là bimbadaboum le doute plane dans la tête de notre héros. Le scénario est d'une banalité transcendante et c'est bizarre qu'on ose encore faire des films de ce genre alors qu'on les a déjà vu mille fois sur nos écrans.
Quelques bons points à noter tout de même. Le premier, je disais donc, notre ancien Deschiens Philippe Duquesne est parfaitement à sa place en père solitaire, dépressif et violent mais néanmoins romantique ! Un bon second rôle comique qui occupe une belle partie du film, et tant mieux. Le deuxième c'est la prestation de Jean-François Cayrey (Sylvain), ancien camarade de classe de Manu Payet (Ben). Prestation étonnante de par l’occupation des espaces et la diction de l'acteur. Dernier point, la B-O du film n'est pas mauvaise mais sans plus. Cependant, le film ne se porte bien que grâce aux seconds rôles. Malheureusement, Manu Payet a décidé d'en mettre plein la vue au spectateur et au gratin du cinéma français et s'accapare le film en occupant 80% des scènes et des images. L'effet recherché n'a donc pas marché sur ma petite personne (mais je ne suis pas tout le monde) et je suis ressorti de la salle lessivé: overdose de M.Payet.
Je finirai en disant que Situation amoureuse: c'est compliqué est un film simplet (à l'image de son titre pompé de Facebook) et gentillet de par sa dimension politiquement correcte. Malgré les 1 h 40, le film nous parait un peu long à la fin avec la scène du mariage qui ressemble à une réunion du casting dans sa totalité avec comme maître mot: faire le beau devant la caméra et se marrer (et picoler un coup je suppose). En lisant le titre, on aurait pu s'attendre à une comédie romantique pleine de péripéties avec, tout de même, une situation plus compliquée que celle qui se résume à faire le choix entre la femme de sa vie et la pouf des USA. Non Manu, tous les français ne sont pas confrontés à ce genre de difficultés ringardes et bien d'entre eux ont de plus graves soucis pour vivre conjointement. La première œuvre de Monsieur Payet se laisse regarder, diverti, touche mais n'apporte rien de nouveau au cinéma.