"Fear is the key" est un film d'aventures sans prétention, baignant dans une délicieuse esthétique 70s qui suffirait presque, à elle seule, à faire passer la pilule quand on ne raffole pas de ce type de sucreries. Une approche jusqu’au-boutiste dans la gestion du suspens puisque jusqu'aux 5 dernières minutes, les motivations du protagoniste resteront mystérieuses : pendant près de cent minutes, il faudra se contenter de suppositions quant à ce qui anime Barry Newman (comme un cousin éloigné de Steve McQueen). L'introduction se contente de le montrer reclus dans une cabane, assistant à un accident d'avion par l'intermédiaire d'une radio, atterré, impuissant. Il faudra attendre la toute fin du film pour pouvoir parfaitement retracer le fil de sa vengeance. L'obscurité dans laquelle on est maintenu du point de vue de l'intrigue pousse à questionner sans cesse ce qui est en train de se tramer, et à se demander ce qui va arriver, et pourquoi cela arrive.


Au cœur du film qui flirte savoureusement avec la série B, voire la bande-dessinée, une course-poursuite qui aurait dû faire date en la matière si "Fear is the key" avait été globalement plus ambitieux et/ou mieux distribué. Disons qu'il a largement de quoi rivaliser avec les scènes correspondantes dans "Bullit" ou "The French Connection". 13 minutes au volant d'une Ford Torino traversant des paysages variés, en ville ou sur des routes de campagne, sur du sable ou à travers champ, avec au final très peu d'accidents et seulement quelques bagnoles de flics dans le décor. Sans être un grand amateur, on peut se délecter de certains passages. En bon film d'aventures, Barry Newman endosse successivement les habits du conducteur complètement fou, du plongeur explorant les dessous d'une plateforme pétrolière, et de l'ingénieur seul capable de faire fonctionner un mini sous-marin. Et il se révèlera être d'une efficacité et d'une originalité redoutables pour obtenir des informations par 400 mètres de profondeur, en "six minutes" (cf. le titre français du film), non sans une certaine tension corrélée à la révélation. La séquence finale est à ce titre, tout comme celle de la course-poursuite ainsi que l'ambiance visuelle et sonore caractéristique de cette décennie, le principal intérêt de "Six minutes pour mourir". Ah, et Ben Kingsley (en psychopathe) avec des cheveux sur la tête, pour sa première apparition au cinéma, aussi.


[AB #120]

Morrinson
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le 27 août 2016

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