Que faire quand on reçoit l'ordre de quitter le territoire avant un mois sauf à apporter la preuve d'un contrat de travail en bonne et due forme ? S'agit-il d'une erreur administrative ou de la négligence des parents de Sofiane (père diplomate ayant amené sa famille à séjourner dans plusieurs pays) ? On ne le comprend pas vraiment. Quoi qu'il en soit, il faut faire vite. Grâce à son père, Sofiane, la vingtaine paresseuse, étudiant par intermittence à Lyon, réussit à obtenir un emploi, avec une promesse de contrat, chez un membre éloigné de sa famille, patron à Roubaix d'une petite société de pompes funèbres musulmanes. Rien ne sera facile pour Sofiane. On assiste ainsi à ses efforts et à ses découragements, à ses doutes, ses interrogations existentielles. Comment se perçoit-il ? Comment s'accepte-t-il en tant que descendant d'une famille maghrébine ayant vécu à Rome, au Venezuela et à New-York ? Que parviendra-t-il à accepter des rites funéraires de la religion de ses parents, lui qui dit avoir perdu la foi ?
Il y a indiscutablement dans ce film nuancé un aspect documentaire, traité avec sérieux et sobriété, qui m'a beaucoup intéressé. On y voit notamment comment l'islam et ses traditions peuvent être différemment perçues et vécues par les croyants. Le difficile cheminement professionnel et personnel de Sofiane peut être aussi vu comme une sorte de parcours initiatique, au cours duquel il comprendra la beauté et le sens de certains gestes.
Le scénario est bien construit , la photographie est soignée.
Je n'avais vu aucun film de Karim Bensalah dont je viens de découvrir sur le site de Méditalents que Six Pieds sous Terre est très largement inspiré de ce qu'il a vécu. Le spectateur ne peut pas ne pas le ressentir.
Un film à voir. Un metteur en scène à suivre.