Un film au rythme lent, qui balade le spectateur de Lyon à Roubaix, puis de Roubaix à Nice, alors que Soufiane entre sort peu à peu de l'adolescence pour entrer dans l'âge adulte. A travers un parcours tortueux, mais qui n'en n'est pas moins essentiel : c'est en côtoyant la mort qu'il va prendre conscience de ce que la vie peut réellement être. Et je ne jurerais pas que le film ne soit - à certains égards - un peu autobiographique : comme son personnage Bensalah a été balloté de pays en pays durant son enfance, avant de se fixer en France, d'y devenir acteur de cinéma et de théâtre, puis réalisateur avec ce premier long métrage.
Le film porte un regard sensible et plein de justesse sur la communauté musulmane de France, loin des clichés qui inondent le paysage médiatique et qui, dans le présent, mettent en péril les idéaux d'égalité et de fraternité censés être les nôtres. Y sont évoqués, sans lourdeur et sans parti-pris, les difficultés administratives à obtenir un permis de séjour, les différences culturelles d'avec les autres communautés, la religion, le poids de la famille et même - en fin de film - la jeunesse des quartiers populaires (dont Soufiane lui-même n'est pas issu, son père étant un ambassadeur à la retraite).
J'ai envie de conclure en indiquant que le film est - eu égard à la façon dont il se termine sur une scène par ailleurs très réussie et émouvante - un brin moralisateur, Soufiane devenant ce que l'on pourrait appeler citoyen bien intégré, tout en conservant son identité. Le message comporte ainsi l'affirmation d'une spécificité, mais aussi la démonstration d'une capacité certaine à s'intégrer dans une société : un message d’apaisement, doublé d'un appel à la tolérance.