Depuis à peu près 3 semaines, j’ai enchaîné les films de Jackie Chan, quoique j’ai fait une exception pour le dernier Verhoeven, mais je pensais que je n’allais rien laisser d’autre interrompre cette sorte de marathon… puis je suis tombé sur la fiche de Sixty million dollar man. Quand j’avais vu Future cops il y a presque un an, ce WTF absolu, j’étais avide de découvrir d’autres films au délire équivalent. Sauf que son réalisateur, Wong Jing, a fait plus de 180 films, de genres divers, donc je ne savais vers lequel me tourner ; c’est pas non plus un cinéaste à propos duquel tu peux aisément te renseigner. J’aurais vu l’affiche de Sixty million dollar man, ça m’aurait aiguillé de suite. Enfin, je l’avais déjà vu, elle est d’une laideur qu’on n’oublie pas quand même, mais j’ignorais que c’était de Wong Jing. Une fois que j’ai su ça et que j’ai eu vent du pitch, j’ai soudainement eu hâte.
L’histoire est censée se passer à Hawaii, même si 90% des personnages y sont asiatiques. Stephen Chow (ouaip, le réalisateur de Shaolin soccer) incarne Lee Chak Sing, un riche playboy odieux, qui aime s’entourer de belles filles et martyriser tous les autres. Les premiers gags bas de gamme font penser à du Benny Hill, mais la folie ne tarde pas à éclater.
Les acteurs en font des caisses, sont à la limite d’une hystérie qui est aussi relayée par le rythme du film, qui passe à une vitesse folle d’une situation d’une connerie over-the-top à une autre. C’est à la fois très puéril et déjanté, on croirait que le scénario a été écrit par un enfant sous coke ; par exemple quand le héros cherche à se moquer d’un type, il élabore un stratagème pour lui faire avaler de faux billets faits de laxatifs, pour l’envoyer chier. Ca pourrait s’arrêter là, mais Lee fait sauter les parois des toilettes. Et ça pourrait s’arrêter là aussi, mais il fait décoller les WC comme une fusée, avec la victime assise dessus !
Très peu de choses ont de sens dans ce film, c’est complètement con, et tout se prête à la stupeur : les looks caricaturaux, les tenues improbables (le héros avec veste vert fluo sur chemise jaune semi-transparente, et pantalon à carreaux), la musique infantile, et divers trucs étranges juste "for the sake of it", comme quand les personnages marchent avec les jambes à moitié pliée…
Le scénario part dans tous les sens, on a notamment plusieurs séquences qui parodient Pulp fiction de manière appuyée sans que ça ait tellement de rapport avec le reste du film, alors que l’intrigue qui vaut à Sixty million dollar man son titre et son affiche, et qui m’a donné envie de le voir, ne doit surgir qu’au bout de 40mn. Le héros meurt dans une explosion, et son corps est reconstitué avec les moyens du bord, de façon cheap. Alors il connaît quelques dysfonctionnements, quand le pommeau de douche qui lui sert de bite est bouché, il pisse par l’oreille… Mais bientôt, il obtient la capacité de se transformer en tout ce qu’il veut. Et alors que le film était déjà taré, cet apport nous vaut des séquences à couper le souffle… dans le sens où on ne peut plus respirer à force d’être ébahi ou de s’étouffer de rire devant une telle accumulation de n’importe quoi. RoboCop, L’inspecteur Gadget, The mask, et Terminator 2 ; il y a un peu de tout ça dans Sixty million dollar man.
Et puis un brin de GTO aussi, puisque Lee devient professeur de biologie (sans rendez-vous, juste un piston d’un pote) dans une école aux élèves très turbulents. Et non, ça n’a toujours pas plus de sens que le reste.
C’est très difficile de noter une œuvre comme celle-là, et tout simplement de savoir qu’en penser, parce qu’on ne saurait pas trop différencier ce qui est drôle au premier degré de ce qui est risible tant c’est crétin.
Quelques gags sont vraiment nuls, mais d’autres véritablement excellents (la scène d’injection d’adrénaline), qui m’ont fait hurler de rire par leur inventivité.
Il faut reconnaître en tout cas que beaucoup de moyens sont déployés pour donner vie à des idées totalement malades et des blagues à la con : on a des explosions, pas mal d’accessoires insolites assurément construits pour l’occasion, de l’animation, et des effets spéciaux numériques plutôt bien foutus.
Certains effets de mise en scène sont efficaces, comme lorsque Lee marche au ralenti au milieu de gens qui courent.
Et ce que j’aime avec ce type de comédie complètement barge et débile, c’est que peu importe à quel degré on rit, ça reste hilarant, et surtout inattendu. On ne cesse de se demander "mais… pourquoi ?!?", et c’est très rafraîchissant.
Vous verrez peu de films comme celui-ci.
PS : A noter que le savant fou utilise un téléphone Garfield, comme dans le nanar Ninja eliminator. Stephen Chow a également un masque Garfield dans Love on delivery... Et j'ai appris que Willie Chan, le manager de Jackie Chan, aimait les produits dérivés Garfield...
D'où vient la fascination des Hong-Kongais pour ce chat ?!