Quel beau monde que voilà ! Ron Perlman, Tony Jaa, Dolph Lundgren, Michael Jai White et Peter Weller, on aurait presque l’impression d’avoir affaire à un Expendables ! Heureusement non, Skin Trade visant considérablement plus haut, tout en restant une série B somme toute assez banale. Prenez tous les éléments du Punisher avec Thomas Jane, dont le membre de la famille mafieuse qui se fait tuer par un flic (Lundgren) lors d’une opération, puis ensuite le parrain (Perlman) qui se venge en faisant assassiner la famille du gars, et enfin la vendetta de ce dernier. Cocasse puisque Lundgren avait déjà interprété le Punisher en 89. Cependant, malgré des facilités déconcertantes en terme d’écriture, le reste suinte les bonnes intentions de par son sujet (le traffic de femmes et enfants pour la prostitution en Asie), de même que pour son action, riche en choses que l’on a souvent rêvé de voir (Lundgren qui se castagne avec Tony Jaa par exemple). Il faut dire que le projet tenait à coeur à l’acteur suédois, puisqu’il est à la tête d’une fondation qui oeuvre dans ce domaine. Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle de Stallone en 2008 avec son Rambo 4, dénonçant les atrocités au Birmanie (on pourra également y ajouter le thriller coréen The Man from Nowhere, qui quant à lui traitait du traffic d’organes).
C’est probablement pour cela que la production a mis toutes les chances de son côté, choisissant pour la réalisation Ekachai Uekrongtham, cinéaste militant qui nous avait servi Beautiful Boxer, biopic poignante sur Parinya Charoenphol, combattant professionnel transsexuel de Muay Thai, économisant ses gains pour financer son opération pour devenir totalement une femme. Un choix qui se révèle probant puisque l’ensemble est convaincant, sans pour autant chercher à faire compliqué, hormis lors des combats qui valent franchement le coup, Lundgren, Jaa et White y allant tous assez fort (mention spéciale pour White, véritable masse aussi musclée que rapide, même en costume de tailleur, ce qu’il arbore durant tout le film ! — en plus de Perlman, sublime en roi de la pègre). On notera malgré tout quelques choix malheureux au niveau du montage, dont l’utilisation — heureusement occasionnelle — de ralentis inutiles et assez moches à cause du rajout de flous de mouvements (l’exemple le plus flagrant est lorsque Lundgren balance Jaa contre le pare-brise d’une voiture).
Point assez étonnant, il n’est jamais fait mention à un quelconque moment de fondations luttant contre le traffic d’humains. On comprend que Lundgren ait voulu garder une certaine humilité dans sa démarche, mais l’ajout d’un personnage issu de ce milieu aurait pu être intéressant et aurait permis d’apporter un peu plus à la trame. En définitive il n’y aura qu’une courte phrase au début du générique de fin, parlant de la réalité de cette horreur, pour nous rappeler qu’une part importante du métrage s’inspire de faits réels. A noter également que quelques passages où l’on voit un container de « marchandise avariée » risque de heurter les âmes sensibles. A l’inverse, si vous voulez voir l’un des crashs d’hélicoptère les plus impressionnants au cinéma Skin Trade l’a, sans l’utilisation de CGI, ce qui est du plus bon effet.
Skin Trade est l’exemple même de la façon dont il faut diriger une série B. Un fond important mais exclu de mièvrerie, un rythme mené tambour battant, un casting convaincant, le parfait divertissement si l’on est fan du genre, et encore plus lorsqu’une dose appréciable de gore y est ajoutée.
Critique