A la croisée des chemins entre Les chansons que mes frères m'ont chantées, Bagdad Café, Thelma et Louise et Into the wild (autant du côté des défauts que des qualités, d'ailleurs), un road movie contemplatif et contrasté, comme l'héroïne que les Indiens appelleront Sky, justement pour son côté changeant, voire versatile. Diane Kruger est suffisamment bonne actrice pour animer cette femme un peu paumée d'une envie de vivre communicative, sans jamais trancher entre la naïveté, l'inconscience, le ras-le-bol et cette détermination qui nait parfois en nous quand on a l'impression d'enfin écouter sa petite voix ténue... On comprend parfaitement le réquisitoire contre ces hommes sûrs d'eux à l'excès (peut-être en raison d'une fragilité cachée, mais on s'en fout, le résultat, c'est qu'ils nous pompent...) dont la France regorge (start-up nation oblige?) et dont le mépris peut faire s'effondrer d'un regard la construction chancelante de n'importe quelle personne plus humble autour d'eux. Ça méritait d'être dit et c'est parfaitement démontré. Après, je vous épargne ma méditation sur les relations de couple, l'oppression masculine, les coups de foudre brumeux ou les réticences à s'engager, puisque, justement, c'est tout le propos du film que de faire naître ça chez le spectateur. Ainsi que des réflexions sur le destin, si vous voulez aller jusque là. Bref, un film qui donne du grain à moudre, gentiment, sans brutalité, et même avec pas mal de poésie, par moment.