Adaptation par Oshii (l'homme d'Avalon et de Ghost in the Shell) d'un seinen de Hiroshi Mori, centré sur l'existence ambiguë d'un jeune pilote. Dans un futur apparemment proche et délivré des conflits, Yuichi Kanmani est affecté à une nouvelle zone. Il n'a pas de souvenirs et de motivations que celles de sa vocation artificielle. Il fait partie des kildrens, ces jeunes soldats qui suite à leurs engagements cessent de grandir, quoique l'ordre soit incertain dans le regard offert au spectateur.
Le film est d'une lenteur radicale, avec les écueils fréquents et les compensations du 'contemplatif'. Les démonstrations dans le ciel, avec ou sans simulations de batailles, offrent les moments les plus enchanteurs et ludiques. Les modèles sont inspirés de prototypes japonais réalisés pendant la seconde guerre mondiale, la base est sous influence européenne. Plusieurs séquences hors des bureaux et des repères quotidiens flattent l’œil, l'ensemble est mis en scène avec soin : prises de vue, panoramiques, éclairages raffinés, profondeur du dessin. Mais la balade manque de substance ; trop de secrets ou de non-dits appuyés. Les thèmes sont forts, l'environnement sous-employé, la cohérence respectée.
Fidèle à son sujet, Sky Crawlers est répétitif et plongé dans une expectative gommée. La trajectoire du protagoniste est emblématique d'une absurdité collective. L'état de Kanmani reflète un évanouissement global, contre-coup du dépassement des conflits. L'Humanité s'est maîtrisée en sacrifiant le sens de l'Histoire et les souvenirs de ses petits prodiges avec ; c'est le temps où les héros ne voient et ne savent plus rien, sont dépossédés, inaptes au martyr, incapables de savourer la sérénité dans laquelle ils sont insérés. La vie éternelle devrait multiplier les risques ; alors on entre dans une boîte très étroite. Les badauds viendront admirer la situation. Le spectateur a le droit aux coulisses, avec son luxe compartimenté, ses divertissements fades.
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