... pour dire à quel point il est difficile de partager l'expérience d'un tel film, celui-ci étant de loin le moins accessible de Mamoru Oshii. Une histoire complexe, un fin tragique, une durée éprouvée... The Sky Crawlers est une expérience de cinéma rare et importante. Encore une fois, Oshii interroge la matière même des images, ce qui fait la carnation de ses personnages, le tangible dans son récit. Histoire d'un univers pas si éloigné du notre dans lequel deux sociétés commerciales ont transformé la guerre en jeu, et les soldats de chairs en clones de plomb, enfants condamné à ne jamais être adulte, répliqués à l'infini. Plutôt que de mettre en scène le gigantesque de l'entreprise, Oshii s'attache une fois encore au destin bien particulier d'un seul être, reproduit encore et encore, et comment son clonage en série affecte sa mémoire, sa perception du temps et ses sentiments: en un mot, son humanité. Pas très éloigné de K. Dick dans le fond, très proche de ses précédent film (le devenir enfant de Ghost in the shell, la cigarette qu'on repousse un beau jour comme dans Avalon), le film épouse une forme visuellement ébouriffante, avec animation traditionnelle (et temps qui passe, comme le démontre nombre de plan fixe) et animation 3D pour traduire la folie de la guerre à travers ses bâtiments et ses engins de guerre. C'est peu de chose à dire pour un film qui mériterait, là encore, une profonde analyse filmique. Oui, décidément, Mamoru Oshii est le grand auteur de science fiction qu'on attendait. Attention, la fin est bouleversante!